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Haïti : Des organisations politiques et de droits humains mettent en garde contre les États généraux sectoriels

P-au-P, 16 avril 2018 [AlterPresse] --- Le parti politique Rasin kan pèp la et le Collectif Défenseurs Plus critiquent le processus de mise en œuvre des États généraux sectoriels de la nation.

¨C’est une manœuvre pour occulter les graves problèmes qui rongent le pays, notamment la corruption¨, a estimé le porte-parole de Rasin kan pèp la, lors d’une conférence de presse, le vendredi 13 avril 2018, et à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

Camille Chalmers dit constater une absence de bonne volonté des autorités étatiques à œuvrer en faveur de discussions « sérieuses et profondes » sur les vrais problèmes du pays.

Il déplore la méthodologie utilisée pour procéder à la mise en place de cette initiative.

¨La première condition pour une véritable réalisation de ce processus est de donner aux secteurs la liberté de choisir eux-mêmes leurs propres représentants¨, recommande Charlmers.

Les États généraux sectoriels doivent se faire dans un climat « apaisé », ce qui permettra de prendre en compte et d’écouter les différents secteurs de la vie nationale, souhaite Chalmers.

Toutefois, il estime que le climat politique actuel est complètement opposé à une dynamique de dialogue.

L’adoption du budget 2017-2018 et la remobilisation des Forces armées d’Haïti (Fad’h) sont des décisions prises par l’Exécutif en désaccord avec la majorité des secteurs, rappelle-t-il.

Rasin kan pèp la appelle la population à se mobiliser pour exiger de véritables discussions sur les principaux défis auxquels fait face le pays.

Francoeur Pierre, membre du secrétariat exécutif du parti, craint ¨un galvaudage des États généraux sectoriels¨.

Les problèmes qui ravagent le pays nécessitent des solutions d’État, non pas uniquement celles de l’Exécutif, avance-t-il.

Les États sectoriels représentent une bonne initiative, mais la façon de l’entreprendre est très démagogique, soutient le co-directeur du Collectif Défenseurs Plus, dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse.

Il fallait une assemblée sectorielle pour désigner les membres de la Commission de pilotage de ces États sectoriels, pense-t-il.

En plus d’être proches du pouvoir, ces membres n’ont aucune crédibilité, martèle le collectif.

¨Cette initiative ne vient-elle pas rendre plus confortable le chef de l’Etat Jovenel Moïse dans une série d’actes, non conformes avec la loi¨ ?

¨Un ensemble de sujets doivent être abordés au niveau des États sectoriels comme les questions de l’armée, de l’amendement constitutionnel, des mandats des parlementaires et du président¨, espère-t-il.

Ces États sectoriels devraient impliquer d’autres pouvoirs de l’Etat et tous les secteurs, y compris ceux de l’opposition, suggère le Collectif Défenseurs Plus.

Récemment, l’ancien premier ministre Jacques Edouard Alexis a fait part de sa décision de renoncer à faire partie du comité de pilotage des États généraux sectoriels.

Il a justifié sa décision en évoquant des contentieux avec l’ancien sénateur Yrvelt Chéry qui l’avait indexé, par le passé, dans la disparition des "Cochons créoles".

Avant lui, l’historien Claude Moïse, qui faisait partie des personnalités inclues dans la liste des participants au comité de pilotage, avait affirmé n´avoir appris sa désignation que par voie de presse. Une assertion que la Présidence avait démenti.

Le chef de l’Etat, avait procédé, le mercredi 28 mars, au palais national, à l’installation des membres du comité de pilotage et du secrétariat technique d’organisation des États généraux sectoriels de la nation. [fb emb vs apr 16/04/2018 12 :50]