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Haiti : Manifestation sans incident de partisans d’Aristide

Sur fond de polémique entre la police et la MINUSTAH

P-au-P., 05 mars 05, [AlterPresse] --- Des partisans de l’ancien président Jean Bertrand Aristide ont manifesté pacifiquement ce 4 mars dans le quartier de Bel Air, au centre de la capitale haitienne.

Encadrés par les casques bleus de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haiti (MINUSTAH), les manifestants pro-Aristide ont défilé dans plusieurs rues du secteur de Bel Air en chantant des slogans en faveur du « retour physique » de leur leader.

Un manifestant s’identifiant comme un dirigeant du parti Fanmi Lavalas a déclaré à la station Tropic FM que le parti « apporte son support à ceux qui luttent pour le retour physique d’Aristide ». Il a qualifié l’actuel Executif de « pouvoir de facto » et « assassin ».

La récente manifestation organisée le 28 février à Bel Air par des partisans de l’ancien régime a déclenché une polémique entre la police et la MINUSTAH. La marche a été disperséee par la police et au moins 2 personnes ont été tuées, selon des informations rapportées par les médias.

La police a fait savoir qu’elle n’a pas fait usage d’armes à feu pour disperser la manifestation du 28 février, qu’une personne a été tuée en dehors du lieu de dispersion et que des manifestants étaient armés. Une version contraire a été soutenue par la MINUSTAH qui a fait état de 3 morts, après que des policiers aient ouvert le feu contre les participants à la marche.

Lors d’une interview accordée à Radio Kiskeya, le ministre de la justice, Bernard Gousse, a indiqué qu’une investigation était en cours pour déterminer exactement ce qui s’était passé le 28 février au Bel Air.

Bernard Gousse a cependant soutenu que des manifestants étaient armés et qu’il y avait même parmi eux des évadés de la prison centrale du 19 février dernier. Il a aussi déclaré que ce n’est pas la MINUSTAH qui est placée pour recevoir la notification de manifestations sur la voie publique, mais plutôt la Police Nationale d’Haïti.

Cette polémique préoccupe les secteurs de défense des droits humains, qui en profitent pour poser le problème du désarmement. Le Secrétaire Général du Comité des Avocats pour le Respect des Libertés Individuelles (CARLI), Renan Hedouville, a jugé très grave la situation.

Jean-Claude Bajeux du Centre œcuménique des Droits Humains (CEDH) a estimé que cette situation traduit un manque de coordination entre les deux parties, et une absence totale d’une politique de sécurité pour le pays par les autorités en place.

Depuis un an, aucun programme de désarmement n’a été mis en place par ce régime pour récupérer les armes illégales circulant dans le pays, a-t-il, d’autre part, déploré.

Bajeux s’est interrogé sur la volonté réelle des forces présentes sur le terrain à assurer la sécurité des citoyens et à désarmer les détenteurs illégaux d’armes à feux. « Il est impossible de nous faire comprendre que la (PNH), avec ses 3.000 policiers, et la (MINUSTAH), avec ses plus de 7 mille membres, ne peuvent assurer la sécurité des citoyens et, procéder au désarmement de quelques 150 personnes armées illégalement dans le pays », s’est-il exclamé. [fl gp apr 05/03/2005 10:00]