P-au-P, 06 avril 2018 [AlterPresse] --- L’Organiation des Nations unies (Onu) se dit encore préoccupée par les violations des droits humains, qui auraient été commises par la Police nationale d’Haïti (Pnh), dans un rapport dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Des opérations policières meurtrières ont été menées à Lilavois (nord de Port-au-Prince), le jeudi 12 octobre 2017, et Gran Ravin (périphérie sud-est de la capitale), le lundi 13 novembre 2017.
Ces deux cas graves de violations des droits humains, perpetrées par la Pnh, ont confirmé la nécessité de continuer à veiller attentivement au respect des droits humains et de renforcer la formation dans ce domaine.
C’est ce que souligne un rapport du secrétaire général de l’Onu, le Portugais António Guterres, sur la Mission des Nations unies d’appui à la justice en Haïti (Minujusth), rendu public le jeudi 5 avril 2018 [1].
« Aucune mesure judiciaire n’a été prise, à ce jour (5 avril 2018) pour faire répondre les personnes impliquées de leurs actes, malgré les multiples appels lancés par la Minujusth », constate-t-il.
La Mission avait demandé l’ouverture d’enquêtes judiciaires, en vue de traduire en justice les auteurs des actes de violations des droits humains à Lilavois et à Gran Ravin.
« Les pertes en vies humaines et les souffrances causées par les opérations de police, menées à Lilavois et à Gran Ravin (…) entachent l’image de la force et réduisent la portée des réalisations notables, obtenues par ailleurs ».
Tout en saluant les enquêtes internes, qui ont été conduites sur ces événements, l’Onu demande aux autorités haïtiennes de veiller à ce que les responsables de ces actes préjudiciables soient traduits en justice.
« Des mesures supplémentaires doivent être prises pour aider l’Inspection générale de la police nationale à remplir ses fonctions de suivi, de façon à assurer l’application du code de conduite et du cadre juridique de la Police nationale », poursuit le rapport.
À Lilavois, « trois hommes ont été tués et neuf personnes ont été placées en détention, à l’issue de la perquisition. Des passages à tabac et des destructions de biens privés ont également été signalés », rappelle le document.
À la suite d’une enquête administrative, menée par l’Inspection générale de la Police nationale, trois agents de la Brigade d’opération et d’intervention départementale (Boid), placés en détention provisoire, le vendredi 10 novembre 2017, à des fins d’enquête, ont été, ensuite, libérés dans le cadre d’une procédure disciplinaire.
À Gran Ravin, huit civils, dont deux femmes, ont été tués, trois personnes ont été tabassées et 32 autres arrêtées. Un homme a également été porté disparu.
Un agent de la police nationale, renvoyé le 15 décembre 2017, pour son implication dans ces actes répréhensibles, serait toujours en liberté. [emb rc apr 06/04/2018 12:00]
[1] Ndlr : Initié le 15 octobre 2017, le mandat de la Minujusth devrait être renouvelé pour une nouvelle période de 6 mois, du lundi 16 avril 2018 au lundi 15 octobre 2018.