P-au-P, 27 mars 2018 [AlterPresse] --- Le Bureau des organisations de défense des droits humains (Boddh) appelle l’Organisation des États américains (Oea) à insérer une résolution sur le dossier de dilapidation des fonds PetroCaribe dans l’ordre du jour du sommet des Amériques contre la corruption, prévu à Lima (Pérou) le 12 avril 2018.
Cette résolution pour l’entraide judiciaire, policière et bancaire devrait permettre de retracer, de geler et de récupérer l’argent du programme PetroCaribe, précise le Boddh dans une lettre en date du 26 mars 2018, et dont AlterPresse a reçu une copie.
Les personnes impliquées dans la dilapidation de cet argent en Haïti l’auraient probablement déposé dans les banques des pays membres de l’Oea, souligne le Boddh, dans cette correspondance adressée au secrétaire général de l’Oea, Luis Almagro.
Le Boddh salue l’initiative prise par l’Oea de convoquer le sommet des Amériques contre la corruption au Pérou.
Il demande également qu’une résolution soit prise pour protéger les défenseurs des droits humains et des plaignants constamment menacés par ¨les sbires et satellites des corrompus et corrupteurs¨ depuis le dépôt des plaintes au cabinet d’instruction.
Cette mesure garantira aussi la liberté personnelle de vivre sans crainte, sans intimidation et sans menace ainsi que la liberté d’expression et d’association des défenseurs des droits humains, le droit de la défense et l’accès à la justice de la part des plaignants dans le cadre du dossier PetroCaribe.
La lutte contre la corruption en Haïti et la poursuite des corrupteurs et corrompus impliqués dans la dilapidation des fonds PetroCaribe et des maigres ressources du pays commencent à atteindre un point culminant, constate le Boddh.
« En tenant compte de la possible ramification transnationale des activités de blanchiment de l’argent de PetroCaribe, le concours des pays frères de la région s’avère indispensable pour aider Haïti à récupérer cet argent », estime-t-il.
Du 29 janvier au 19 mars 2018, pas moins de 33 plaintes ont été déposées au cabinet d’instruction contre toutes les personnes épinglées dans les rapports sur le dossier PetroCaribe, conduits par commissions d´enquête présidées par les sénateurs Youri Latortue et Évalière Beauplan respectivement.
Le rapport d’enquête de la commission sénatoriale spéciale chargée d’approfondir l’enquête sur la gestion des fonds Petro-Caribe a été officiellement transféré à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Csc/ca) le 16 fevrier 2018.
Plus d’une quinzaine de personnalités - dont deux anciens Premiers ministres, Jean Max Bellerive (novembre 2009 - mai 2011) et Laurent Salvador Lamothe (mai 2012 - décembre 2014) - ainsi que d’anciens ministres, d’anciens directeurs généraux et des responsables de firmes de constructions, impliquées dans des appels d’offres suspects ont été pointés du doigt dans la dilapidation des 3 milliards de dollars américains du programme Petro-Caribe.
Entre-temps, quatre sénateurs de l’opposition ont appelé la justice haïtienne à sévir contre les corrupteurs en Haïti, dans une lettre adressée au président du sénat, Joseph Lambert.
Il s’agit des sénateurs Ricard Pierre, Évalière Beauplan, Nènel Cassy et Antonio Cheramy qui ont souhaité avoir les résultats des enquêtes menées sur les différents scandales de corruption enregistrés dans le pays. [bd emb apr 27/03/2018 12 :55]