P-au-P, 23 mars 2018 [AlterPresse] --- Le sociologue Jean-Claude Icart, du comité Haïti-Mines, alerte sur les risques de l’exploitation minière en Haïti, dans un contexte d’Etat faible, d’absence de transparence et de corruption.
Il faut plus de transparence dans les dossiers liés à l’exploitation des mines, recommande Icart, invité à l’émission TiChèzBa, animée par le journaliste Gotson Pierre, et prévue pour être diffusée les samedi 23 et dimanche 24 mars 2018 sur AlterRadio 106.1 FM et en ligne (samedi : 7 :00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7 :00 am, 1:00 pm, 5 :00 pm).
Cette affaire devrait être abordée avec une extrême prudence à partir d’un débat public éclairé, estime-t-il, alors que le dossier minier est caractérisé par une certaine opacité en Haïti.
Le pays doit avoir le droit d’exiger une meilleure utilisation des terres ou de dire qu’il n’est pas prêt, en termes de structures étatiques, pour ce type de développement en rapport à l’exploitation minière, soutient-il.
Icart souligne un manque de capacité de gestion de l’Etat à pouvoir s’imposer face aux grandes multinationales qui interviennent dans le secteur minier en Haïti.
Une éventuelle exploitation des mines, notamment près des bassins versants, pourrait avoir des conséquences graves sur l’environnement et la société.
Le comité Haïti-Mines exhorte les autorités concernées à défendre les intérêts du pays au lieu de ceux des compagnies d’extraction minière.
Il signale toute une série de dénonciations contre les abus, excès et effets néfastes de l’exploitation des mines, surtout métalliques, sur l’environnement et les droits humains dans plusieurs pays.
L’initiative d’exploitation des mines demande, selon Icart, beaucoup de sang froid et de sérénité pour prendre des décisions allant dans le sens des intérêts d’Haïti.
Le comité Haïti-Mines appelle à accorder la priorité du moment au renforcement de l’Etat dont son manque de capacité d’absorption de l’aide a été très manifeste, suite au séisme destructeur du 12 janvier 2010.
Il encourage à rendre publiques les informations concernant le dossier minier auprès des élus au parlement où il y a déjà un projet de loi minière, tout en appelant à une vigilance de la société civile à ce niveau.
L’exploitation minière représente un danger pour la gestion de l’eau en Haïti, a mis en garde le Kolektif jistis min (Kjm), à l’occasion de la journée mondiale de l’eau, le jeudi 22 mars 2018.
Une résolution adoptée en 2013 par le sénat haïtien appelle à un moratoire sur l’exploitation minière, citant « l’opacité » de l’information sur les ressources minérales du pays.
Le sénateur du Sud, Richard Lénine Hervé Fourcand, a soumis, en juillet 2017, au sénat de la république, une proposition de loi sur l’exploitation des mines.
Newmont Mining Corporation dispose déjà d’un permis de prospection, avait indiqué, en novembre 2016, le Bureau des mines et de l’énergie. [emb gp apr 23/03/2018 15 :45]