La Commission interaméricaine de droits humains (Cidh) s’est engagée à encourager l’État haïtien à mener une lutte contre les crimes perpétrés, de 1957 à 1986, sous le régime des Duvalier. La Cidh entend également collaborer, avec la société civile, à la mise en place d’une commission de vérité, en Haïti, sur les violations, qui ont porté atteinte aux libertés fondamentales des Haïtiennes et Haïtiens.
P-au-P, 20 mars 2018 [AlterPresse] --- Le Collectif contre l’impunité et Avocats sans frontières Canada (Asfc) appellent la Commission interaméricaine de droits humains (Cidh) à inciter l’État haïtien « à faciliter la conduite d’enquêtes et de procédures judiciaires diligentes » sur les crimes, perpétrés sous le régime des Duvalier (1957-1986).
« Sans entraves et interférences », l’Etat devrait également assurer l’accès aux archives officielles, portant sur les violations de droits humains, commises sous ce régime, soulignent-ils, dans un communiqué en date du 20 mars 2018 et transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
Ils se disent préoccupés par les obstacles, qui entravent les procédures judiciaires, en relation aux violations graves des droits humains en Haïti.
Face à la situation déplorable de la justice haïtienne, ils demandent à la Cidh d’accorder une plus grande attention à Haïti, tout en souhaitant l’envoi d’une mission pour un suivi de la situation de la justice et de la lutte contre l’impunité.
La Cidh devrait, selon ces organisations, appeler l’État haïtien à lutter contre la corruption et à augmenter le budget de fonctionnement adéquat pour le système judiciaire.
En réponse à leur requête, la Commission interaméricaine de droits humains s’est engagée à encourager l’État haïtien à mener une lutte contre les crimes perpétrés sous le régime de François Duvalier (22 septembre 1957 -21 avril 1971) et Jean-Claude Duvalier (22 avril 1971 - 7 février 1986).
La Cidh entend aussi collaborer, avec la société civile, à la mise en place d’une commission de vérité en Haïti sur les violations, qui ont porté atteinte aux libertés fondamentales des Haïtiennes et Haïtiens.
Les deux organes de droits humains ont rappelé une décision, qualifiée d’historique, prise par la Cour d’appel de Port-au-Prince, le 20 février 2014, indiquant l’existence d’indices, qui prouveraient de nombreux crimes contre l’humanité sous le régime des Duvalier.
La Cour d’appel de Port-au-Prince a, par conséquent, ordonné un supplément d’enquête, relative aux personnes inculpées. Enquête qui, jusqu’à date (mars 2018, 4 ans plus tard) n’est pas arrivée à terme.
Depuis février 2014, ce dossier demeure dans les tiroirs de la justice, déplorent ces organisations.
Ces procédures judiciaires ont été engagées contre le défunt dictateur Jean-Claude Duvalier (3 juillet 1951 - 4 octobre 2014) et ses collaborateurs pour crimes contre l’humanité.
Lors d’une audience thématique sur Haïti, organisée par la Cidh à Bogotá (Colombie), le vendredi 02 mars 2018, un diagnostic de la justice haïtienne a permis de mettre en lumière les dysfonctionnements récurrents de la justice ainsi que le manque de volonté politique, pour lutter contre l’impunité et la corruption,révèlent le Collectif contre l’impunité et l’Asfc.
Ces derniers avaient exprimé leurs inquiétudes sur le fonctionnement de la justice en Haïti, au cours de cette audience.
« Les délais sont déraisonnables pour les victimes de violation de droits humains et les enquêtes piétinent », ont-ils critiqué. [fb emb rc apr 20/03/2018 14:10]