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Haïti : La transition en crise

P-au-P., 1er mars 05 [AlterPresse]--- Des secteurs politiques manifestent leur mécontentement vis-à -vis du pouvoir en place en Haïti, un an après la chute du régime de Jean Bertrand Aristide, dont des partisans réclament le « retour physique » au pouvoir.

L’expérience politique des 12 derniers mois a divisé le secteur politique, qui a été uni dans la lutte contre l’administration d’Aristide, obtenant son départ d’Haïti, sous pression de la mobilisation socio-politique et de la Communauté internationale.

On observe aujourd’hui sur l’échiquier politique une remise en question de l’actuel gouvernement de transition du premier ministre Gérard Latortue qui est arrivé au pouvoir en mars 2004, avec l’objectif principal de réaliser des élections à la fin de 2005. Parallèlement, malgré des critiques contre l’actuelle administration, une autre tendance se prononce pour son maintien jusqu’aux compétitions électorales.

L’ex sénateur Turneb Delpé du Parti National Progressiste Haïtien (PNDPH), qui fait partie d’une nouvelle coalition socio-politique appelée Initiative pour Sauver la Transition, réclame la démission du gouvernement, du Conseil Electoral Provisoire et du Conseil des Sages (structure de consultation de l’Exécutif), tandis que le président Alexandre Boniface doit rester au pouvoir.

Delpé estime que le gouvernement de Latortue a « échoué », parce que, selon lui, « l’insécurité, la faim, l’impunité et la corruption se sont accrues » depuis un an. Il réclame l’établissement « d’un gouvernement d’union nationale pour accomplir un programme de bonne transition ».

Cette coalition compte sur la participation, entre autres, du Mouvement Réformateur Haïtien (MODEREH), qui regroupe d’anciens cadres de Famille Lavalas, tels que les ex sénateurs Prince Pierre Sonson et Dany Toussaint.

Au contraire, l’ex maire de Port-au-Prince, Evans Paul, dirigeant de la Confédération Unité Démocratique (KID), n’est pas favorable (du moins, pour le moment) de la démission de Latortue.

Paul admet que la présente situation est « excessivement grave », surtout depuis le 30 septembre 2004, quand des présumés partisans d’Aristide ont lancé la violente « Opération Bagdad ». Ce mouvement a causé, dans des quartiers populaires, quelque 200 morts, selon une évaluation journalistique.

« Je pense que des délinquants ont trop de lattitudes », déclare Paul, qui critique « une absence de politique de proximité ». Il estime que « le gouvernement n’assume pas ses responsabilités ». Toutefois, il appelle à une « grande concertation » pour essayer de réorienter l’actuel gouvernement.

Bien que « la situation ait été fragilisée avec l’évasion massive » de 481 prisonniers de la prison centrale de la capitale le 19 février dernier, l’ex ministre Rosny Desroches, de l’Initiative de la Société Civile considère la possibilité de conclure cette période transitoire avec des élections à la fin de l’année.

Desroches diagnostique un « manque de concertation entre les partenaires (de ce gouvernement), très peu de coordination des actions, une capacité de planification extrêmement faible et l’absence de stratégie de communication ». Mais, il ne conçoit pas que la démission du gouvernement soit « la solution ».

« Je crois qu’aujourd’hui les Haïtiens doivent se réunir autour du gouvernement, le stimuler, formuler des critiques constructives, pour qu’il puisse parvenir à la réalisation d’élections dont le pays a grandement besoin », déclare Desroches.

Au-delà de la logique de changement de gouvernement, des partisans de l’ex président Aristide, ne réclament que « le retour physique » de leur leader, réfugié en Afrique du Sud. A cette fin, des actes de violence sporadiques sont articulés à des mouvements apparemment démocratiques.

La police, avec l’appui de la Mission de Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) trouve beaucoup de difficultés à résoudre le problème de la violence et à établir un climat de sécurité.

La dernière vague de violence de la semaine écoulée s’est soldée par un bilan de 12 morts et plusieurs dizaines de blessés, dont 3 militaires de la MINUSTAH. D’autre part, une manifestation en faveur d’Aristide a été violemment dispersée par la police, faisant au moins 2 morts parmi les manifestants, selon un dernier bilan non officiel.

Le 25 février dernier, le chef civil de la MINUSTAH, l’ex chancelier Chilien Juan Gabriel Valdes, avait qualifié la présente situation haïtienne de « guérilla » qu’il n’est pas facile à résoudre. [gp apr 01/03/2005 16:50]