P-au-P, 8 mars 2018 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations féministes ont réalisé, ce jeudi 8 mars 2018, un sit-in à Port-au-Prince, pour exiger le respect des droits des femmes.
A l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, des dizaines de personnes issues principalement de plusieurs organisations féministes, dont Kay fanm, Solidarite des femmes haïtiennes (Sofa), Fondation Toya, l’Association des femmes soleil d’Haïti (Afasda) et Konbit Fanm Saj, y ont pris part.
Ces participantes et participants, des femmes pour la plupart, ont dénoncé l’antiféminisme de plus en plus poussé au niveau de l’Etat haïtien.
Ils se sont rendus dans sept lieux stratégiques de la capitale Port-au-Prince : la place Catherine Flon au Champ de Mars, devant les ruines du palais national, la primature, le ministère de la justice, le parlement, l’Office de management et des ressources humaines (Omrh) et l’Office de protection du citoyen (Opc).
Les militantes ont entonné des chansons engagées, invitant à la conscientisation et la mobilisation.
Elles ont également condamné l’exploitation, la violence la misère que subissent les femmes, ainsi que la corruption, l’injustice qui caractérisent les institutions publiques du pays.
Elles ont critiqué les « lois partisanes » adoptées par les autorités haïtiennes et l’impunité qui règne à travers le pays en ce qui concerne les dossiers de viols sur les femmes et filles.
Elles ont aussi appelé à révoquer dans l’administration publique tous les batteurs de femmes.
Certaines pancartes brandies lors du sit-in par les manifestants prônaient une éducation de qualité pour les filles et les garçons.
D’autres appelaient au respect des droits des femmes et à la lutte contre l’impunité.
La coordonnatrice générale de Sofa, Sabine Lamour, a tenu à souligner le rôle des femmes notamment de l’héroïne Catherine Flon dans la construction de la Nation haïtienne.
Elle souhaite que toutes les femmes et tous les hommes puissent vivre « libres et égaux » dans la dignité.
Les décisions prises par le gouvernement actuel visent beaucoup plus à ralentir la lutte, compromettre les acquis du mouvement féministe, mettent en gardent les organisatrices du sit-in.
Elle critique la nomination au sein du pouvoir de gens dont leurs noms sont associés à des actes d’harcèlements sexuels, de viols et de violences physiques.
Ce pouvoir qui encourage la domination des hommes sur les femmes ne permet pas aux femmes d’être représentées à divers niveaux de l’administration publique.
Les organisations féministes plaident en faveur de véritables politiques publiques, capables de favoriser l’émancipation des femmes.
L’une des responsables de l’organisation féministe Kay fanm, Yolette Jeanty, a aussi dénoncé la situation socio-économique du pays qui est très précaire.
Le laisser-aller de l’Etat réduit sa capacité à fournir des services appropriés à la population, selon Kay fanm.
La lutte pour l’égalité vise à changer une société et un système, souligne l’ancienne ministre à la condition féminine et aux droits des femmes, Lise Marie Déjean.
Ces cris vont vers des institutions symboliques de l’Etat par rapport à des situations préjudiciables pour les femmes, déclare la dirigeante de Kay fanm, Danièle Magloire.
Les dérives au niveau des institutions à tous les niveaux entraînent la pauvreté de la population, surtout les femmes.
« L’heure est venue, les activistes rurales et urbaines transforment la vie des femmes » est le thème retenu cette année 2018 pour la journée internationale des droits des femmes. [bd emb apr 08/03/2018 15 :40]