P-au-P, 02 mars 2018 [AlterPresse] --- Le président de la Confédération des travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé (Ctsp) Jean Bonald Fatal dénonce les mauvaises conditions socio-économiques en Haïti et de nouvelles dispositions gouvernementales jugées grotesques.
Le syndicaliste a également passé en revue diverses mesures de l’Etat ainsi que les violations des droits des travailleurs notamment au niveau du secteur syndical.
Fatal intervenait à l’émission TiChèzBa, animée par le journaliste Gotson Pierre, et prévue pour être diffusée les samedi 3 et dimanche 4 mars 2018 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).
Il déplore « la manière grotesque » du gouvernement d’approuver un nouveau programme du Fonds monétaire international (Fmi), prévoyant l’élimination de la subvention des produits pétroliers et de l’électricité.
Il estime que l’ensemble des secteurs socio-économiques devrait être consulté avant la signature de cet accord économique entre le gouvernement et le Fmi.
Ce programme appelé « Staff-monitored program » (Smp) couvrant la période de mars à août 2018 a été approuvé à l’issue de discussions entre les autorités haïtiennes et une équipe de Fmi, qui était en mission à Port-au-Prince, du 20 au dimanche 25 février 2018.
« Dans un pays où la pauvreté est si criante, nous ne pouvons continuer de prendre des mesures tendant à renforcer la pauvreté au lieu d’améliorer les conditions de vies des Haïtiens », fustige le président de la Ctsp.
De pareilles dispositions portant atteinte au pays généreront, selon lui, plus de pauvreté et de tensions sociales dans le contexte actuel où l’inflation a déjà atteint un seuil de 15 %.
Les conséquences seront « désastreuses » notamment pour les petits travailleurs haitiens, anticipe-t-il, soulignant que le gouvernement se contente d’annonces sans prendre des mesures sociales nécessaires, comme en matière de logement et d’éducation.
Violation des droits des travailleurs : Le Bit profondément préoccupé
Une série de conventions internationales signées par l’Etat haïtien comme celles liées à la liberté syndicale, l’âge minimum pour travailler continuent d’être violées dans le pays, signale-t-il.
Le Bureau international du travail (Bit) se dit même très préoccupé par la violation de la liberté syndicale en Haïti.
L’Etat haïtien encourageait de telles pratiques dans plusieurs institutions étatiques du pays, dénonce le syndicaliste.
L’organisation Better Work a condamné en vain plusieurs violations de droits humains dont des licenciements à caractère anti-syndical, dans des usines de sous-traitance, rapporte-t-il.
Plusieurs lois votées au parlement haïtien ne sont pas conformes aux conventions internationales comme celle concernant la durée du travail dans les entreprises, regrette-t-il.
Fatal critique les difficultés d’accès des travailleurs aux prêts, aux assurances de santé et à un système de protection et de sécurité sociale garanti.
Il critique le fait que l’argent prélevé des taxes des citoyens n’est pas réellement utilisé en leur faveur sous forme de services publics.
La Ctsp plaide en faveur d’un bon système de sécurité sociale, la ratification des conventions internationales relatives aux travailleurs domestiques, à la négociation collective dans la fonction publique et l’immunité à accorder aux dirigeants syndicaux. [emb apr 02/03/2018 14 :00]
Texte : Emmanuel Marino Bruno
Images et montage vidéo : Gotson Pierre