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Le nouveau programme du Fmi aura un coût social important en Haïti, selon l’économiste Eddy Labossière

P-au-P, 26 févr. 2018 [AlterPresse] --- L’approbation par le gouvernement haïtien du nouveau programme (« Staff-monitored program ») du Fonds monétaire international (Fmi), augure d’une situation sociale difficile dans le pays, si l’on en croit l’économiste Eddy Labossière.

Ce nouveau programme prévoit l’élimination de la subvention des produits pétroliers et de l’électricité, ce qui aura des effets sur le coût de la vie et provoquera des mécontentements, explique-t-il dans une interview accordée à AlterPresse.

« L’élimination des subventions aura un coût social pour la population, car le prix des produits pétroliers à la pompe augmentera de toute façon », prévoit l’économiste.

Les responsables du Fmi ont constaté une faiblesse des recettes et un niveau trop élevé des dépenses de l’État, souligne le professeur d’économie.

Durant les 4 premiers mois de l’exercice fiscal, un déficit budgétaire de 10 milliards de gourdes a été enregistré.

Si ce rythme se maintient, on pourrait anticiper un déficit budgétaire de 30 milliards de gourdes à la fin de l’année, avec des conséquences néfastes en terme d’inflation, estimée aujourd’hui à 14%.

Cette situation ne peut pas continuer, des mesures de redressement s’imposent, selon Eddy Labossière, qui déplore l’absence de dispositions appropriées des autorités.

« Le gouvernement fait du mauvais social en subventionnant l’essence et l’électricité, alors qu’il aurait pu trouver d’autres formules » pour agir sur le pouvoir d’achat des ménages, estime-t-il.

Cet accord avec le Fmi intervient dans un contexte de flou dans les rapports de coopération d’Haïti avec les bailleurs. Selon certaines sources contactées par AlterPresse, des difficultés ont en effet surgi relativement aux conditionnalités de la poursuite de la coopération.

Le dernier programme entrepris par le gouvernement haïtien avec le Fmi remonte à 2015, suite à un accord au titre de la Facilité Élargie de crédit.

Le présent accord prétend favoriser la stabilité macro-économique. Il couvrira la période de mars à août 2018 et viserait également une croissance forte et durable en Haïti sur le moyen terme.

Il prévoit des marges pour assurer la poursuite des investissements pour la reconstruction, suite au passage, les lundi 3 et mardi 4 octobre 2016, de l’ouragan Matthew ayant causé des dommages estimés à 1.9 milliards de dollars américains. [la gp apr 26/02/2018 20 :00]