P-au-P, 23 févr. 2018 [AlterPresse]--- En regard du contexte international et national, il faut relativiser le dossier de scandale sexuel qui éclabousse, depuis quelques semaines, l’Organisation non gouvernementale (Ong) Oxfam en Haïti, estime le sociologue et professeur d’université Bernard Ethéart.
Le contexte international est important pour comprendre le tollé fait autour du scandale sexuel dans lequel est impliquée la branche britannique de l’Ong Oxfam, déclare le spécialiste des questions de développement.
Ethéart s’est exprimé ainsi à l’émission TiChèzBa, animée par le journaliste Gotson Pierre, et prévue pour être diffusée les samedi 24 et dimanche 25 février 2018 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).
En regard de la conjoncture politique en Angleterre, la révélation de ces exploitations sexuelles des femmes haïtiennes, remontant à environ 8 ans, constituerait, selon lui, un moyen utilisé par les dirigeants britanniques conservateurs de détourner l’attention de leur population sur le dossier Brexit [1] qui agite actuellement le pays.]]
De plus, cette affaire a été d’abord dénoncée par le journal britannique conservateur The Times, dans un pays géré par des conservateurs, avance-t-il.
Certains employés d’Oxfam avaient engagé des prostituées pour participer à des moments de débauche, dans des logements et des hôtels, payés avec l’argent de l’Ong, a révélé le journal.
Cette remarque, n’excuse nullement le comportement des employés d’Oxfam de l’époque, précise Bernard Ethéart, qui, de plus, critique la manière dont l’affaire a été traitée par les responsables de l’institution.
8 ans après, les responsables d’Oxfam sont rattrapés par ce scandale parce qu’ils n’ont pas su gérer le dossier, déplore le sociologue.
Il a tenu à dénoncer l’attitude d’Oxfam dans cette affaire d’abus sexuels pour n’avoir pas pris, à l’époque, les mesures nécessaires pour freiner ces dérives alors qu’elle en était informée.
Pour lui, cette situation dans laquelle se trouve l’organisation internationale serait également due à un type de relations de domination et d’inégalités existantes dans le pays et qui conditionnent les comportements .
« L’Ong Oxfam est faite d’individus et tout individu a ses faiblesses », dit-il, profitant pour critiquer une absence de contrôle du fonctionnement des Ongs en Haïti par l’Etat haïtien.
Cependant, la décision prise le jeudi 22 février par le gouvernement d’annuler provisoirement l’autorisation de fonctionnement d’Oxfam en Haïti « pour faute grave » est ridicule, selon Ethéart.
Il encourage les autorités à adopter une loi cadre de référence pour les associations et des chapitres spécifiques pour chaque type d’associations dont des Ongs.
Ce scandale sexuel, qui a refait surface, a contraint à la démission, le lundi 12 février 2018, de la directrice générale adjointe d’Oxfam, Penny Lawrence, qui a exprimé sa « honte » et sa « tristesse » face à la mauvaise conduite d’employés en Haïti et au Tchad.
Plusieurs autres responsables d’Ongs, soupçonnés d’implication dans ces actes répréhensibles, ont été contraints de démissionner.
Des informations révèlent que plusieurs responsables d’Organisations non gouvernementales seraient impliqués dans des scandales sexuels durant leurs missions humanitaires dans divers pays dont Haïti. [emb gp apr 23/02/2018 15 :00]
Texte : Emmanuel Marino Bruno
Images et montage : Gotson Pierre
[1] Brexit : mot anglais composé de « Britain » (« Grande-Bretagne ») et « exit » (« sortie »), désignant la procédure de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, entamée le 29 mars 2017 par la notification de l’article 50 du traité sur l’Union européenne