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Le financement des partis politiques soulève des controverses en Haïti

P-au-P, 30 janv. 2018 [AlterPresse] --- Débuté, de manière symbolique, depuis le lundi 22 janvier 2018, le financement des partis politiques soulève des controverses en Haïti, constate l’agence en ligne AlterPresse.

La mise en application "tardive, alambiquée et arbitraire" de la loi du 23 avril 2013 relative au financement des partis politiques est « inconstitutionnelle, illégale et entachée de vices de forme et de procédure », critique le Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod), dans une lettre en date du 24 janvier 2018.

Le Mopod dit souligner des irrégularités et infractions constatées dans la mise en application de la loi sur la formation, le fonctionnement et le financement des partis politiques.

Le fait que le président a attendu plus de huit mois, avant de promulguer cette loi, constitue une violation de la Constitution, laquelle fait obligation de promulguer les lois dans les délais prescrits, dénonce-t-il.

Il estime que l’éligibilité des partis politiques au financement prévu n’a point été établie selon la lettre et l’esprit de la loi.

Des dispositions adoptées par consensus entre des groupes partisans ont fourni une base non juridique à une répartition arbitraire, fustige le Mopod.

L’Exécutif a mis en place une commission ad hoc chargée d’interpréter et d’appliquer indûment la loi alors que les principes généraux du droit commandent d’élaborer des décrets d’application pour sa mise en œuvre, fait-il remarquer.

Il indique que des partis politiques, récemment créés de toutes pièces, selon de nouvelles procédures suspectes, ont raflé la presque totalité des financements accordés.

L’Exécutif a ainsi attendu le moment opportun pour que le groupe au pouvoir puisse être le principal bénéficiaire de cette manœuvre répréhensible, relève-t-il.

Ce partage de gâteau empoisonné se fait à un moment où le salaire minimum des ouvriers et des paysans est en chute libre tandis que les besoins essentiels de la population ne sont point satisfaits, condamne-t-il.

Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer les pratiques de financement des partis politiques vues comme une forme de corruption de l’Exécutif.

Des membres influents ont remis leur démission au sein de leurs partis politiques.

Le sénateur de l’Ouest Antonio Chéramy et le député de Pétion-ville Jerry Tardieu ont démissionné du parti politique Vérité, ayant reçu ce financement de l’Etat haïtien.

L’industriel Charles Henry Baker a laissé son parti « Respè » qui, dit-il, ne garde pas la ligne qui les a unis et permis de gagner de petites batailles.

« Je pense qu’en acceptant cette subvention de l’État haïtien, qui ne peut même pas payer les employés, nous ne ferons aucune différence », déplore Baker.

Renmen Haïti, Bouclier, Conscience patriotique et le Mouvement de solidarité pour l’avancement du Nord-Ouest d’Haïti (Mosanoh) sont les quatre structures politiques ayant reçu, de manière symbolique, le lundi 22 janvier 2018 à la primature, leurs premiers chèques, dans le cadre du financement des partis politiques.

57 partis politiques sont habilités à bénéficier du financement public en fonction, entre autres, de leur nombre d’élus lors des dernières élections. [bd emb gp apr 30/01/2018 11 : 50]