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Haïti : L’exclusion de Martelly du carnaval de Jacmel, un signal pour freiner les dérives dans la société, selon plusieurs voix

P-au-P, 26 janv. 2018 [AlterPresse] --- Empêcher l’éventuelle participation du président Michel Martelly au carnaval de Jacmel (département du Sud-Est) pourrait constituer un signal pour freiner les dérives immorales dans le pays.

Le blocage de Martelly permettrait de rappeler que l’ancien président n’est pas au-dessus de la loi, estime Mushy Jean-Baptiste, membre du Collectif « anban zanbann » et ancien candidat à la députation à Jacmel.

Ce geste aiderait aussi à protéger l’image du peuple haïtien et celle de la fonction de présidence, dit-il.

Jean-Baptiste a exprimé cette position durant l’émission TiChèzBa, animée par le journaliste Gotson Pierre, et prévue pour être diffusée les samedi 27 et dimanche 28 janvier 2018 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).

Quand, dans un carnaval, Martelly utilise la plupart de ses insanités pour dénigrer les femmes haïtiennes, cela peut renforcer les violences, les viols et les harcèlements sur ces dernières, met-il en garde.

Le Collectif « anban zanbann », un mouvement citoyen à Jacmel, fustige également les dernières performances déplacées de Martelly, notamment celles données, au tout début de l’année 2018, au centre sportif Henfrasa (à Delmas), qui ne font pas honneur, dit-il, à son statut d’ancien président.

Michel Martelly a encore tenu des « propos irrévérencieux » particulièrement à l’endroit d’une consoeur et d’un confrère de la presse lors d’une prestation à Henfrasa, le 6 janvier 2018.

Il s’en était également pris à ces professionnels de la presse, à l’occasion du carnaval national aux Cayes (Sud), déroulé les 26, 27 et 28 février 2017.

Selon « Anban zanbann », Martelly tient un discours qui incite à la haine, à la violence, susceptible d’inviter les gens à commettre des viols sur les femmes.

Jean-Baptiste dénonce, dans la société, une tendance à utiliser le corps de la femme comme un objet sexuel qui doit satisfaire le désir des hommes, que ce soit dans les publicités ou dans les vidéos.

« Au-delà des insanités, ce qui me dérange encore c’est quand un ancien président comme Martelly continue de jouir de l’argent de l’Etat, de ses largesses et privilèges, en dépit du mauvais comportement qu’il affiche dans la vie civile », déplore Jean-Baptiste.

Le fait de choisir le groupe Sweet Micky pour défiler dans le carnaval de Jacmel sans qu’il n’ait encore produit aucune méringue carnavalesque pour l’année n’est pas conforme au projet de société démocratique qu’on veut construire, regrette-t-il.

« Nous ne voulons pas de la présence du groupe Sweet Micky dans le défilé du carnaval à Jacmel. Ce qui s’est passé au Centre sportif Henfrasa est la dernière goutte d’eau qui a fait déborder le vase », soutient, pour sa part, la coordonnatrice de l’organisation féministe Fanm Deside de Jacmel, Marie Ange Noel, tout en appelant à dénoncer les actions immorales.

Elle dit attendre la décision du maire de Jacmel sur la participation ou non de Michel Martelly aux festivités carnavalesques.

« La jeunesse est plongée dans la débauche, les valeurs morales n’existent (presque) plus », déplore-t-elle, condamnant la passivité des citoyennes et citoyens ainsi que celle des autorités du pays face à l’immoralité qui se perpétue dans la société.

Le groupe Sweet Micky a été retiré de la liste des formations musicales devant participer au carnaval des Gonaïves (Artibonite, Nord), les vendredi 2, samedi 3 et dimanche 4 février 2018.

Cette décision a été prise par le comité du carnaval des Gonaïves après que des citoyennes et citoyens dans la ville des Gonaïves ont appelé les autorités concernées à empêcher l’éventuelle participation de Sweet Micky et d’autres groupes musicaux à caractère immoral et irrévérencieux, à ces festivités carnavalesques dans leur commune. [emb gp apr 26/01/2018 15 :15]

Texte : Emmanuel Marino Bruno
Diaporama sonore : Gotson Pierre