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Michaëlle de Verteuil : l’âme du Paradis des Indiens

Par Nancy Roc

Soumis à AlterPresse le 22 février 2005

Loin, très loin de Port-au-Prince, de ses chimères, de sa violence, de la corruption qui gangrène le pays et des extravagances carnavalesques, se trouve un petit village de pêcheurs serti d’une jolie plage entourée de cocotiers et d’une rivière aux reflets turquoise qui font le bonheur des villageois, des canards et des rares visiteurs qui osent s’aventurer jusqu’au tréfonds du « pays en dehors ». Nous sommes dans la Grand’ Anse, dans une commune au nom évocateur d’un des rares fruits "natif natal" de la région : les
Abricots.

Pour y accéder, un trajet long et parfois pénible doit être entrepris. Il faut en premier lieu se rendre dans la Cité des Poètes, Jérémie, de préférence par avion, ensuite prendre une route sinueuse, rocailleuse et éreintante qui serpente sur moins d’une trentaine de kilomètres mais prend plus de deux heures à être parcourue et constitue une véritable gageure : une

Michaelle de Verteuil

expédition hors du temps à travers des mornes vous menant de Jérémie aux Abricots en passant par Bonbon et Anse-du-Clerc. Récit d’un voyage pour le moins pittoresque qui nous a permis d’aller à la rencontre d’une femme exceptionnelle au cœur et à la générosité aussi nobles que la consonance de son nom : Michaà« lle de Verteuil.

Pour arriver aux Abricots, il faut passer par Bonbon et Anse-du-Clerc. Trajet éreintant, sinueux, rocailleux entrecoupé par la traversée de deux

Anse du Clerc

rivières. La vue plongeante sur la plage d’Anse-du-Clerc est la seule vision plaisante qui s’étale sous nos yeux car, ensuite, nous observons les multiples visages d’un ancien désastre qui continue à ronger inlassablement les restes désuets de notre environnement. Le constat est tragiquement irrévocable : le déboisement qui a débuté dans la Grande Anse, il y a dix ans, a désormais pris sa vitesse de croisière.

Fours a charbon

Aujourd’hui, les gigantesques fours à charbon pullulent dans la zone et sont la preuve irréfutable que le Sud-Ouest du pays n’échappe plus à la destruction irréversible de la coupe sauvage des arbres. à€ titre d’exemple, les dix hectares de terre du célèbre écrivain jérémien, Jean-Claude Fignolé, dont la mère est originaire des Abricots, ont été entièrement ratiboisés par les paysans. De cette plantation naturelle, il ne reste plus que des vestiges de troncs brûlés à raz le sol et les arbres ont été remplacés par de vulgaires cultures de manioc.

Charbonniers sur la route

Lorsqu’il écrivit en 1987 son inoubliable roman « Les possédés de la pleine lune », Jean-Claude Fignolé ignorait sans doute qu’il serait un jour lui-même victime des affres du déboisement : « Elle pleurait le, soir la terre. Des larmes sèches pulvérisées à la moindre brise, dispersées aux quatre vents. Elle blessait les yeux, la terre. Elle vous entrait dans le nez, elle vous entrait dans la gorge et vous étouffait, la terre. Le jour et la nuit, pendant des mois, elle agonisa, livrant les hommes ॠl’oisiveté, se condamnant elle-même ainsi au repos forcé. » (1) « Notre terre est une terre étrange. Terre de sortilèges et de maléfices ».

Nous reprenons la route vers les Abricots, et les mots de Fignolé me poursuivent : « La route à présent fait une grande courbe. Toute fourbue de nuit même par la pleine lune, elle descend en pente raide, Sème des grappes d’obscurité aux flancs du morne saigné à blanc (Â…) » Mais, lorsque le pick-up des de Verteuil approche du village, il me semble, pour paraphraser Fignolé, que « la terre crisse de contentement, boutonne, fleurit. Les hommes respirent. Ils renouent avec la vie. » (Â…) (2) et l ’arrivée de Mica au village suscite alors des cris de joie. Des hordes d’enfants nous suivent en riant et tiennent à lui faire une haie d’honneur jusqu’à l’entrée de sa demeure.

Le livre d’histoire d’Haïti des Frères de l’Instruction Chrétienne, qui est au programme de toutes les écoles élémentaires de la république, ra-conte que selon la légende indienne, avant la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, les âmes des Indiens s’envolaient vers les Abricots, lieu de leur dernier repos. Les bons y dégustaient des abricots tropicaux et les méchants devaient se nourrir de la pomme du mancenillier qui est un poison violent. D’où la légende des Abricots, le PARADIS DES INDIENS.

Ecole Paradis des Indiens

C’est dans ce ’’paradis’’ qu’il y a 30 ans, en 1975, les de Verteuil ont choisi de venir s’établir. Initialement, c’était pour prendre leur retraite, selon Patrick ;, mais, c’était sans compter sur le dynamisme, la créativité et la générosité de son épouse- Mica pour les intimes, Madame Patrick pour les locaux. En effet, ce petit bout de femme, pleine d’énergie va, à peine deux semaines plus tard, fonder sa première école : une cahute au toit de chaume pouvant accueillir soixante élèves. Enseignante de formation, elle n’aura de cesse d’ouvrir d’autres horizons à des centaines d’enfants démunis et, aujourd’hui, ce travail de forcenée et de persévérance, s’étend sur des dizaines de kilomètres à travers mornes et vallées et touche plus de 2400 élèves à travers la commune des Abricots.

Bibliotheque Angele Garceau

Le village des Abricots est le centre de cette dernière qui comprend environ 40.000 habitants. C’est dans ce village qu’elle a créé sa première école, Le Paradis des Indiens, qui accueille désormais 400 élèves, 31 professeurs et moniteurs. Dans un pays où les faiblesses de l’éducation sont constamment décriées, j’ai été agréablement impressionnée par les aptitudes de lecture et de compréhension de ces élèves et de leur politesse. Les classes sont aérées et grandes et la bibliothèque Angèle Garceau comporte 9171 ouvrages parmi lesquels une encyclopédie universelle. L’enseignement à distance est aussi offert aux enfants. Pour Michaà« lle de Verteuil, « ce type d’enseignement est peut-être la clé de l’avenir des écoles rurales ».

Depuis 1990, elle a assuré la relève et désormais, l’école est dirigée par Jean Panel Jeune qui est également président de la Banque Agricole de Crédit. A 44 ans, ce fils d’agriculteur assume toutes ses responsabilités et après 26 ans passés avec Michaà« lle, il est fier, et non sans raison, des résultats académiques de ses élèves : l’année dernière, l’école Paradis des Indiens a enregistré 100% de réussite aux examens académiques.

Mica en classe

Même si la relève est désormais assurée, Michaà« lle de Verteuil se rend régulièrement à son école et mène tout son petit monde à la baguette. Elle est stricte et exigeante pour maintenir la discipline mais toujours attentionnée. Les enfants sont également nourris à l’école et Michaà« lle de Verteuil n’hésite pas à goûter elle-même la nourriture, pour s’assurer qu’elle a assez de sel et a bon goût. Le vendredi, c’est le jour de nettoyage et la fondatrice du Paradis des Indiens ne blague pas avec la propreté, tant dans l’enceinte de l’école que dans les jardins environnants. Les jeunes filles passent le balai dans la cour et les garçons brûlent les détritus et les feuilles. Ici, la saleté, les bouts de papier et les sachets ne sont pas tolérés et gare à ceux qui ne respectent pas l’environnement ! Les enfants plantent d’ailleurs 10.000 à 15.000 arbres par an dans la zone.

L’éducation civique fait partie intégrale de cette école autant que les cours académiques et les cours de travaux manuels. En effet, l’objectif de l’école est de faire de ces enfants et adolescents des citoyens et citoyennes du futur à part entière. Pour Michaà« lle de Verteuil, ils doivent êtres capables d’influencer leur communauté au lieu de la subir. Ils ne doivent pas se laisser circonvenir par leur environnement mais le dépasser, se poser des questions et envisager la vie comme une suite de problèmes à résoudre sans se laisser écraser par leur apparente insolvabilité.

Michaà« lle de Verteuil a présenté récemment au Ministre de l’Education Nationale un projet formidable : reproduire dans la Grand’ Anse ce qu’elle a fait aux Abricots. Il lui fallait juste une lettre d’approbation du titulaire de ce ministère pour trouver les fonds nécessaires. Cette lettre ne lui a pas été accordée sur l’avis des conseillers juridiques du Ministre. Pourquoi ne pas cautionner et encourager un tel projet après 30 ans d’expérience réussie et qualitative dans la région ? Sans doute par bêtise, par manque de volonté ou tout simplement- et tragiquement- parce que le ministère ne pourrait pas aller vérifier le fonctionnement de ces écoles rurales sur place. Quelle tristesse ! Car, finalement, on sait pertinemment que l’Education Nationale ne peut pas, ni aujourd’hui ni demain, réaliser un tel projet. Entre temps, on cantonne des milliers d’enfants dans l’ignorance et l’obscurantisme, surtout dans des zones rurales où le vodou peut constituer un barrage important à l’épanouissement de la réflexion et de l’analogie.

Mais, des petits pamphlets affichés sur les murs préparent déjà les enfants à l’absurdité de la vie (ou des autorités) tout en recourant à la sagesse de la réflexion existentielle :

« Celui qui sait et ne sait pas qu’il sait est un Rêveur. Secours-le.

Celui qui ne sait pas et sait qu’il ne sait pas est un ignorant. Instruis-le.

Celui qui sait et sait qu’il sait est un savant. Aime-le.

Celui qui ne sait pas et sait qu’il sait est un danger. Fuis-le. »

Le village des Abricots est majoritairement habité par des pêcheurs et leurs familles. Il est abrité par une magnifique rangée de cocotiers qui s’étale sur près d’un kilomètre de long et lorsque le Nordé souffle, même si les pêcheurs désespèrent de pouvoir trouver du poisson, leurs cases sont protégées du vent frisquet, en particulier durant le mois de février. à€ l’ouest, l’embouchure d’une rivière vient mourir sur un banc de sable blond. C’est là que les paysans viennent tous les jours désaltérer leurs bœufs et que les femmes font leur lessive. Bien que Michaà« lle de Verteuil ait tout fait pour s’attaquer à toutes sortes de mythes sans toutefois leur en-lever leur folklore, les légendes et le vaudou ont encore une influence certaine. J’ai rencontré une petite fille qui, me voyant plonger dans la rivière, m’a dit de faire attention car Simbie veillait et pourrait m’attirer vers le fond et me faire disparaître.

Toutefois, il est réconfortant de constater que les parents de la plupart des enfants, s’ils sont restés analphabètes, par contre tous les jeunes et les petits en bas âge savent lire et écrire. Sur le sable de la plage, j’ai vu défiler avec étonnement, des prénoms écrits adroitement : Pierre Richard, Sheila, Andranaika, Maximilien et même ’diab lenfè’, dont le vrai prénom était Sterling, le petit coquin !

Raras indiens

Lundi gras : les bandes carnavalesques commencent à défiler et viennent égayer l’atmosphère quelque peu délétère qui règne dans la communauté. Les costumes d’indiens sont rares mais encore présents et la pauvreté n’épargne pas les ’raras’ qui sont, pour la plupart, habillés en guenilles ou de ’pèpè’ débarqués des Etats-Unis. La misère perce inexorablement sous les sourires et l’espoir ne se lit plus aux fonds des yeux noir charbon. Ils ont perdu leur éclat de joie.

Ici, 1200 habitants sont cantonnés dans 200 huttes et il n’y a pas de courant depuis quatre ans car les Abricotins ne pouvaient se permettre de payer la cotisation mensuelle de 30 gourdes. Je croise les yeux vides des vieilles femmes qui appellent la mort comme une délivrance. Les écrits de Fignolé me reviennent encore à la mémoire : « C’est sûrement la pauvreté, notre lot à tous dans ce village de trois gouttes de patience et d’autant de résignation, mais pas encore la misère à nous ronger le ventre. En attendant. » Pendant un moment de recueillement dans l’Eglise du village, j’ai interpellé le Bon Dieu pour solliciter son aide et qu’il m’accorde de comprendre pourquoi autant de détresse déshumanise-t-elle mon pays ?

Michaà« lle de Verteuil, elle, n’a pas le temps de se poser toutes ces questions. Sollicitée de tous, constamment et tout le long de la journée, elle poursuit sans relâche sa mission. En effet, non contente d’avoir créé des écoles pour plus de 2400 élèves dans la région, Mica a monté l’Association « Paradis des Indiens », qui s’occupe et finance de nombreux projets de développement. 80% des bénéficiaires visés par ces projets habitent en dehors du village et le quart d’entre eux a été réalisé dans des petites localités situées à plus de deux heures de marche du village. Les chemins de pénétration à partir de ce dernier ne sont que des sentiers étroits accessibles à pied ou à dos de mulet et à 68 ans, Mica dévale et escalade allègrement les pentes menant à ses écoles et aux différents projets montés par son association, en passe de devenir une fondation. Elle refuse de dire qu’elle a fait des sacrifices. « Je n’ai jamais été aussi heureuse qu’aux Abricots », insiste-t-elle en souriant. Elle partage et distribue son bonheur au gré du Nordé et n’a de cesse de semer les graines du développement.

Apiculteurs aux Abricots

En plus de ses écoles, elle a créé plusieurs ateliers et mis sur pied de nombreux projets notamment, une coopérative d’apiculture comprenant 140 employés de Bonbon aux différentes sections communales des Abricots, en passant par Anse-du-Clerc, Chrétien, Digo Chassagnes et Baptiste. On y produit le ’Miel campêche des Abricots’ et Mica n’a de cesse d’espérer que son village devienne le centre le plus important de production de miel en Haïti. Des nombreux ateliers de vannerie, broderie, menuiserie, artisanat, poterie emploient 500 artisans et brodeuses. A cela il faut ajouter à son palmarès de réalisations, une banque de crédit agricole, ’qui fait des profits’, précise-t-

Produits Bon Soleil

elle fièrement, un moulin à maïs, une petite usine à glace et des ateliers de séchage de fruits et de légumes, Ces derniers sont commercialisés sous le nom de ’Bon Soleil des Abricots’. « C’est tout », dit-elle, comme si de rien n’était !

En tout cas, si le gouvernement haïtien n’a jamais reconnu ses efforts à leur juste valeur, ce n’est pas le cas des Abricotins et des Canadiens. En effet, en 2002, elle a été décorée Officier de l’Ordre du Canada, une médaille qui équivaut à la Légion d’Honneur française. Loin de s’asseoir sur ses lauriers, Mica se plaint de la régression des ventes d’objets d’artisanat ainsi que des fruits et légumes séchés depuis l’époque d’Aristide. « Nous étions en plein essor, comme un ballon qui gonflait de jour en jour, et les troubles politiques ont été comme des épingles qui l’ont dégonflé », regrette-t-elle. Refusant toutefois de désespérer ou de se croiser les bras, elle est déterminée à poursuivre ses efforts pour remonter la pente.

Patrick et Michaelle

« La femme est l’avenir de l’homme », disait Aragon et Mica en est une preuve éclatante. Toutefois, à tout seigneur tout honneur, elle avoue qu’elle n’aurait jamais pu réaliser ce travail titanesque sans son époux, Patrick. « Je n’ai qu’une fonction décorative’’, ajoute ce dernier avec l’humour qui le caractérise mais Mica s’insurge : « il dit cela à tout le monde mais ce n’est pas vrai. Quel autre homme m’aurait suivi ici pour m’aider à réaliser mes rêves ? », questionne-t-elle. Ce couple est unique en son genre et, tout en se chamaillant gentiment, se complète harmonieusement depuis 47 ans.

Patrick reproche doucement à son épouse de ne pas lui consacrer assez de temps : « ici, il faut être un enfant ou une plante pour que l’on s’occupe de vous », lui dit-il en la taquinant mais, en aparté, il m’avoue que si dans chaque commune du pays il y avait une Mica, Haïti aurait été transformée. De son côté, Mica loue l’esprit lucide et curieux de son mari. « Il est toujours disponible pour m’aider et m’oblige à considérer toutes les alternatives avant de prendre une décision, alors que moi, je suis plutôt spontanée. Il est constamment enthousiaste lorsque je lui parle de mes projets. De plus, parce qu’il est là , on ne me « dévore » pas et il met des balises autour de moi. Je manque de mots pour dire tout ce qu’il m’apporte. C’est un merveilleux partenaire. »

Et de fait, à 72 ans, Patrick qui a étudié l’économie s’est découvert de nombreux talents aux Abricots : il est architecte (c’est lui qui a conçu et construit la première école de Mica), bricoleur (il répare gratuitement toutes les radios et appareils électroniques des villageois et entretient tout le système électrique de sa résidence), un comptable (car il s’occupe de la comptabilité de la banque agricole) et un fana des nouvelles technologies de communication. Caméra digitale, ordinateurs Apple dernier cri, Internet par satellite, télévision câblée et technologie solaire ; il a tout installé pour le confort de la maisonnée.

Il y a trente ans, le couple de Verteuil a soigneusement planifié pendant trois ans sa venue aux Abricots. « Ce n’était pas un hasard », me précise Michaà« lle. Toutefois, elle avoue n’avoir eu qu’un désir à l’époque : construire une école. Mais, comme elle l’admet elle-même, elle a été prise dans un engrenage. « Le destin c’est le caractère », disait Novalis. Avec le sien, son engagement et son dévouement aux Abricotins, Michaà« lle de Verteuil est devenue au fil des ans, l’âme non seulement du Paradis des Indiens mais de toute la commune des Abricots. Sa réputation s’est étendue à travers toute la République et au-delà des frontières. Quand on lui demande si elle croit en Dieu, elle répond un peu gênée : « je ne sais pas si je crois en Dieu mais s’Il existe, mon travail sera ma prière. » Si le hasard a bien planifié les choses et lui a permis de surpasser ses attentes, on pourrait attribuer à cette femme incroyable, la citation suivante de Théophile Gauthier : « le hasard, c’est peut-être le pseudonyme de Dieu quand il ne veut pas signer. »

Lorsque l’on pense aux potentiels sous-utilisés que recèlent nos provinces et de la paix constructive qu’elles pourraient nous apporter, on se demande pourquoi ne pas suivre son exemple. Peut-être pas dans la même dimension de ses multiples réalisations mais certainement avec la même conviction, détermination et générosité. Port-au-Prince est devenu un tel enfer ! Pourquoi ne pas envisager pour les jeunes ou les couples, une autre vie que celle oppressante et dangereuse de la capitale ? Si aux Abricots, tout n’est pas, comme disait Baudelaire, luxe, beauté, calme et volupté, on peut certainement y trouver calme, simplicité, vérité et sérénité. Et cela, n’est-il pas après tout le luxe absolu ?
Je jette un dernier coup d’œil sur les « karanklou » qui, au sommet d’un pistachier des Indes, montent la garde dans le jardin de Mica. Ces charognards me rappellent que Port-au-Prince m’attend avec son lot de laideurs humaines et politiques. Je respire une dernière fois l’air du Nordé en me promettant de conserver le plus longtemps possible, le souvenir d’une découverte humaine formidable dans un petit coin de paradisÂ…

Nancy Roc

Le 7 février 2005

rocprodz@yahoo.fr

Pour contacter les de Verteuil : pdeverteuil@yahoo.com