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Le GRALIP rend hommage à la presse indépendante

Note du GRALIP - OCCasion 30 septembre 2002

A la faveur du 11e anniversaire du Coup d’Etat
sanglant de septembre 1991, le Groupe de Réflexion et
d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP) rend
hommage aux journalistes et médias indépendants qui,
aujourd’hui comme hier, s’évertuent à sortir du carcan
de l’information officielle et à demeurer un espace
d’expressions plurielles et démocratiques.

Ce noble combat a, pendant le coup d’Etat, permis la
valorisation de sources marginalisées, une présence
sur la scène médiatique de milliers de gens contraints
au marronage, une conscience nationale et
internationale sur les horreurs des putschistes, une
couverture de la résistance interne et des
négociations politiques. Des images émouvantes,
saisies par des photographes et cameramen courageux,
des reportages et articles de presse sur la tragédie
vécue par la population haïtienne, ont fait le tour du
monde et édifié l’opinion sur ce qui se passait en
Haïti.

Le GRALIP a encore en mémoire la situation des médias
indépendants où, tous les jours, consours et confrères
devaient se concerter autour de la meilleure manière
d’affronter la répression et le climat d’intolérance.
C’est cet engagement ferme, des médias indépendants,
qui a contribué à la mobilisation et la résistance
populaire ayant conduit au retour à l’ordre
constitutionnel.

Face aux difficultés éprouvées par la corporation dans
la présente conjoncture, le GRALIP se félicite de la
même détermination des journalistes et médias
indépendants à ne pas se laisser vassaliser, mais à 
informer de manière équilibrée sur tous les pans de la
réalité nationale.

Le GRALIP apprécie particulièrement le courage et les
efforts continus des travailleurs de la presse qui,
pour garantir au public son droit à l’information,
n’hésitent pas à s’aventurer dans des quartiers
sensibles ou à hauts risques et à aborder différents
dossiers délicats. Cette attitude est d’autant plus
louable que ces femmes et hommes de la presse évoluent
dans un contexte de difficultés économiques aiguà« s et
de pressions de toutes sortes, favorisées par un
climat d’intolérance et d’impunité ayant valu des
pertes en vies humaines et de graves dommages au sein
de la corporation.

Le GRALIP note aujourd’hui la persistance d’une série
de discours et pratiques politiques qui rappellent
étrangement les gesticulations des tenants de l’ordre
ancien.

Le GRALIP encourage tous les secteurs, aspirant à une
société réellement démocratique en Haïti, à soutenir
sans relâche le travail de la presse indépendante. Ce
n’est ni une presse soumise, ni une presse courtisane,
qui feront avancer le débat démocratique. Seule une
presse indépendante pourra aider la population à se
doter d’outils efficaces, pour mieux appréhender ses
réalités et rechercher des solutions appropriées à ses
problèmes.

En ce onzième anniversaire d’un Coup d’Etat qui avait
durement frappé la corporation et fait souffrir des
milliers de citoyennes et citoyens, le GRALIP exhorte
les autorités à ne pas utiliser la Presse indépendante
comme bouc émissaire pour masquer leur incapacité à 
faire face aux priorités de l’heure.

Le GRALIP considère comme une insulte à la mémoire et
à la vérité historique toutes déclarations, comme
celles du chef de l’Etat le 27 septembre devant les
membres de son parti, tendant à faire un amalgame
entre les putschistes et ceux et celles qui informent
honnêtement sur la réalité nationale. De tels propos
constituent, aux yeux du GRALIP, un blanc-seing
accordé aux violateurs de la Liberté de la Presse et
une étape supplémentaire dans la stratégie du régime
visant à diaboliser la presse indépendante.

Le GRALIP convie de préférence le pouvoir en place à 
faire concorder ses promesses à des actes concrets
permettant à la Presse indépendante de fonctionner
dans une ambiance saine et sereine.

Port-au-Prince, le 29 septembre 2002