P-au-P, 12 janv. 2018 [AlterPresse] --- Diverses personnalités ainsi que des institutions nationales et internationales ont élevé la voix contre les propos du président américain Donald Trump qui a qualifié Haïti et le Salvador, ainsi que plusieurs Nations africaines de « pays de merde », dans des interviews accordées à l’agence en ligne AlterPresse.
Le président de la société d’histoire d’Haïti, de géographie et de géologie (Shhagg), le professeur Pierre Buteau qualifie ces propos de « malheureux ».
Tous les Haïtiens et descendants d’Afrique jugeront ces propos inacceptables pour eux et pour les autres pays, avance-t-il.
Toutefois, Buteau croit aussi qu’il faut réfléchir et changer nos pratiques des dernières années qui nous ont conduits dans cette situation.
Il critique le manque de sentiment d’appartenance des élites et couches moyennes défavorisées du pays.
Il déplore également l’orientation du système scolaire haïtien qui n’est pas éclairé par une vraie philosophie.
Pour l’historien Roger Petit-Frère, également professeur d’Université, ces propos de Trump se sont pas étonnants parce qu’il représente la ligne politique raciste des États-Unis, qui existe depuis les périodes précédant l’indépendance.
Cette ligne raciste représente l’idéologie d’un certain courant du parti républicain anti-noir. Les Haïtiens doivent savoir qu’aux États-Unis, il y a des courants anti-Haïtiens, dixit Petit-Frère.
Les Haïtiens doivent prendre leur dignité en main, souhaite-t-il, plaidant pour qu’il y ait en Haïti des actions du pouvoir au service de l’intérêt national.
Le pasteur Clément Joseph appelle la population haïtienne à ne pas faire cas des propos de Donald Trump.
Il encourage, de préférence, la communauté protestante haïtienne à prier pour le président Trump et l’église américaine qui connaissent, selon lui, une chute terrible.
Même si « cette menace est sérieuse », le moment n’est pas à la polémique mais plutôt au calme et à la méditation, affirme-t-il.
La présidente de la Fusion des socio-démocrates, Edmonde Supplice Beauzile dit condamner sans réserve les propos de Donald Trump contre Haïti et les Haïtiens.
Ces paroles qui déshonorent la présidence américaine et le peuple américain en général sont inacceptables et ne doivent pas être acceptées, fustige-t-elle.
La Fusion interpelle le gouvernement haïtien à répondre de manière énergique et sans équivoque en convoquant le représentant des États-Unis en Haïti pour lui demander des explications et lui signifier notre mécontentement et réprobation.
Des excuses publiques doivent été exigées, recommande-t-elle.
Sur son compte twitter, le cinéaste haïtien Raoul Peck se dit choqué, consterné et indigné par la déclaration de Trump au sujet des compatriotes haïtiens.
« La responsabilité d’être le président de ce grand pays n’est pas un jeu ni une émission de télé-réalité, il exige une éducation de base, un aperçu de base, une note d’humanité et une certaine intelligence, Mr Trump ne peut pas passer l’une de ces catégories »,
« Nous savons ce que nous avons apporté collectivement et individuellement sur ce continent, Haïti est le premier pays libre des Amériques, Haïti a payé un prix terrible pour cette liberté et la prospérité des États-Unis, Et devinez quoi ? Nous payons toujours un prix mais nous n’irons nulle part, nous allons vous combattre », poursuit-il.
Pour sa part, le sénateur Youri Latortue qualifie d’irréfléchis les propos de Trump qui, dit-il, a piétiné sans état d’âme tous ceux qui, au-delà de leur race, ont lutté pour faire de l’Amérique une référence morale.
Le gouvernement haïtien a condamné formellement les propos du président américain.
Les propos de Trump ont suscité une vague d’indignation aux États-Unis, y compris du côté républicain, et à travers le monde.
S’ils étaient confirmés, ces propos du président des États-Unis sont « choquants et honteux », critique le haut-commissariat de l’Organisation des Nations Unies aux droits humains. [bd emb gp apr 12/01/2018 16 :30]