P-au-P., 23 févr. 05 [AlterPresse] --- Un puissant chef de bande lavalas, Yvon Antoine dit Zapzap, qui s’était évadé du Pénitencier national lors de l’assaut donné le 19 février par un commando armé, s’est rendu aux agents de la Mission de Stabilisation des Nations Unies (MINUSTAH) ce 23 février.
La reddition a eu lieu au Bel-Air, l’un des fiefs des partisans armés de l’ancien président Jean Bertrand Aristide.
Yvon Antoine était écroué pour sa participation présumée à divers actes de violences dont l’attaque sanglante par des miliciens de l’ancien régime contre la Faculté des Sciences Humaines, le 5 décembre 2004, qui s’était soldée par des dizaines de blessés dont le recteur de l’Université d’Etat d’Haïti Pierre Marie Paquiot.
Le chef de bande lavalas a choisi de se rendre « pour éviter de se faire tuer », a-t-il déclaré.
Le chef du gouvernement intérimaire Gérard Latortue avait déclaré la veille que les fugitifs avaient soixante-douze heures pour se rendre et que, « passé ce délai, ils allaient être traités comme tels par la justice ».
Yvon Antoine pleurait au moment de sa reddition. Il dit avoir décidé de se remettre à la MINUSTAH, et non à la Police haïtienne, par crainte pour sa sécurité.
Des partisans de l’ancien président Jean Bertrand Aristide au Bel-Air ont organisé une manifestation de soutien au chef de groupe lavalas.
Sur plus de quatre cents détenus qui étaient en cavale depuis l’assaut de la prison centrale par des inconnus armés, une cinquantaine ont réintégré leurs cellules dont l’ancien Premier ministre Yvon Neptune et l’ancien Ministre de l’Intérieur et des collectivités territoriales Jocelerme Privert.
Ces deux anciens dignitaires lavalas sont incarcérés pour leur responsabilité présumée dans un massacre perpétré sous le régime déchu à Saint Marc, au Nord d’Haïti.
L’évasion massive du 19 février a provoqué un tollé de protestations dans les milieux politiques dont certains membres ont même appelé à la démission du gouvernement de Gérard Latortue.
En conférence de presse ce 23 février, le Premier ministre Gérard Latortue a écarté toute idée de démission, affirmant qu’il allait « continuer à se battre pour le peuple haïtien et la démocratie ».
L’assaut du Pénitencier national intervenu en plein jour est venu renforcer les craintes de la population. D’aucuns s’interrogent sur la capacité des autorités intérimaires à sécuriser le pays à l’occasion des élections prévues à la fin de l’année, quand celles-ci n’arrivent même pas à avoir le contrôle d’un bâtiment stratégique situé à quelque deux cents mètres du Palais présidentiel. [vs gp apr 23/02/2005 15:00]