Éditorial
Par Gotson Pierre
P-au-P., 27 déc. 2017 [AlterPresse] ---Pourquoi formuler des vœux en Haïti ? C’est la question que se posent plus d’un, quand arrive la période des fêtes de fin d’année et du nouvel an.
Il y a bien la mystique du vœu. La tradition. Mais il y a aussi l’espoir que symbolise tout souhait, lorsqu’il revêt le sens d’un désir profond, couplé à une volonté de voir telle situation évoluer dans un sens donné, soit pour un individu, soit pour une communauté, une collectivité.
Malheureusement, les pesanteurs économiques, politiques et sociales sont telles que ce pays ne peut, ni mettre à profit la somme des rêves individuels de la plupart de ses habitantes et habitants, ni alimenter un rêve partagé.
L’année 2017 s’achève et 2018 est à nos portes, fermées à double tour à la générosité, à la rationalité, à l’esprit de dépassement de soi et au sens du bien commun.
Toutes attitudes, qu’on voudrait, en vain, pouvoir lire dans les comportements des décideuses et décideurs politiques, de l’élite économique, des actrices et acteurs sociaux et culturels.
Cela devrait signifier, d’abord, la rupture avec l’égoïsme exacerbé, qui amène à l’accaparement de tout pour soi par des privilégiés de toutes sphères, jusqu’à ce niveau de corruption, qui nous éclate à la figure ! Un des phénomènes les plus scandaleux de 2017. Volatilisation établie d’environ 2 milliards de dollars des fonds PetroCaribe, qu’on nous fait payer sous forme de service de la dette au Venezuela, à travers un budget synonyme d’une saignée.
La rupture avec le mépris, qui pousse à croire qu’on peut faire un pays pour un petit groupe de nantis. Si le niveau inacceptable de précarité et de non accès à des services sociaux peut aujourd’hui faire le lit du clientélisme politique, cela n’enlève en rien son caractère de bombe à retardement, pourvu qu’une certaine clairvoyance se manifeste parmi les secteurs qui aspirent sérieusement à la prise du pouvoir. Car, le clientélisme ne peut, en aucun cas, garantir la stabilité.
La rupture, également, avec les vaines promesses, creusant plus profondément chaque jour la déception, qui tend à devenir un grand trou, prêt à tout absorber. En premier lieu : la foi des jeunes en l’avenir sur cette terre, qu’ils fuient massivement.
Il est grand temps que des signaux d’une société qui cesse de reculer se fassent sentir. D’abord dans les petites choses. Par exemple, la manière dont l’État gère les déchets ou organise le transport des êtres humains. Respecter la dignité de la population. Que nous ne soyons plus considérés comme des animaux, pataugeant dans la boue et au milieu des ordures, ou entassés, tels que des sardines, dans des véhicules assimilables à des cercueils roulants...!
Nous voulons des voeux en vrai. Les meilleurs vraiment. Nous voulons des rêves d’un réel début de transformation indispensable de notre société. On ne le verra pas, sans des gens capables de croire encore, sincèrement et simplement, à un changement possible. [gp apr 27/12/2017 00:30]