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Politique : Le père Jan Hanssens de la Cran plaide en faveur d’un vrai projet de société pour sortir de l’impasse actuelle en Haïti

P-au-P, 22 déc. 2017 [AlterPresse] --- Le coordonnateur de la Cellule de réflexion et d’action nationale (Cran), le père (catholique romain) Jan Hanssens, souligne la nécessité pour toutes et pour tous, de contribuer à la mise en oeuvre d’un vrai projet de société pour une sortie de l’impasse en Haïti.

Il faut une nouvelle mentalité qui rejette la corruption dans les pratiques de chaque jour, souhaite Hanssens, invité à l’émission TiChèzBa, animée par Gotson Pierre, et prévue pour être diffusée les samedi 23 et dimanche 24 décembre 2017 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).

Avec en toile de fond la situation constatée en 2017, il exhorte le pouvoir judiciaire et les autres instances concernées à faire la lumière sur les cas de corruption, comme le dossier relatif à la gestion des Fonds PetroCaribe, afin d’appliquer les sanctions appropriées.

Sanctionner les personnes impliquées dans des actes de corruption les découragerait à y persévérer, pense-t-il.

Plus d’une quinzaine de personnalités - dont deux anciens premiers ministres, Jean Max Bellerive (novembre 2009 - mai 2011) et Laurent Salvador Lamothe (mai 2012 - décembre 2014) - ainsi que d’anciens ministres, d’anciens directeurs généraux et des responsables de firmes de constructions, impliquées dans des appels d’offres suspects, sont épinglées dans ce rapport d’enquête du Senat sur l’utilisation des fonds PetroCaribe.

Toute la question est plutôt de savoir si ce que dit le rapport est vrai, et non pas de le voir comme un travail partisan, réagit Hanssens, en référence aux détracteurs, affirmant qu’il appartient à la justice de faire son travail.

Parallèlement, le prêtre critique l’incapacité des dirigeants politiques à faire progresser les choses en Haïti. Les gens sont déçus face aux résultats des politiciens, dont les intérêts exprimés pour l’avancement du pays ne sont nullement évidents, souligne-t-il.

Il déplore une absence de volonté politique.

Sur le plan social, Jean Hanssens plaide en faveur du respect des droits et de la dignité des citoyennes et citoyens haïtiens, qui font face à de multiples besoins sociaux non satisfaits.

De manière générale, les conditions sociales de la majorité ne s’améliorent jusqu’à présent pas, constate la Cran.

Revenant sur quelques dispositions, prises au cours de l’année 2017, l’organisation souligne une insuffisance du montant de salaire minimum journalier, attribué aux ouvrières et ouvriers de la branche textile, une détérioration du coût de la vie, passé à 17 %, et une dépréciation de la monnaie nationale, la gourde.

Le salaire minimum journalier, qui était de 300.00 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 81.00 gourdes ; 1 peso dominicain= 1.60 gourde aujourd’hui), est passé à 335.00 gourdes, soit un ajustement de 11.7 % pour les industries d’assemblages et manufacturières, tournées vers l’exportatio,n suivant le 4e rapport du Conseil supérieur des salaires (Css), publié le vendredi 7 juillet 2017.

Ce niveau de salaire minimum journalier est incapable d’aider les ménages à faire face à toutes leurs obligations sociales, estime la Cran.

La situation a empiré, au point de contraindre les jeunes à laisser massivement le pays, en quête d’une vie meilleure à l’étranger, regrette-t-elle.

Dans un certain sens, cette migration vers l’étranger semble être vue par les dirigeants comme une partie de la solution, parce qu’elle permet de diminuer les pressions sociales, critique le coordonnateur de la Cran.

Il y voit un certain désespoir chez les jeunes.

Toutefois, il y a une prise de conscience des Haïtiennes et Haïtiens de l’importance du budget dans la vie nationale et de son influence sur leur propre niveau de vie.

Le prêtre appelle à la mobilisation de la population, victime, selon lui, des faiblesses d’une opposition politique divisée et qui ne présente pas une vraie alternative.

Par ailleurs, le coordonnateur de la Cran fait remarquer combien le contexte général est propice à la violence, à cause d’une absence de politique de protection des citoyennes et citoyens.

« L’insécurité n’est pas liée à une zone particulière. Tout le monde peut être touché. Néanmoins, les assassinats directs sont les cas les plus graves », déplore-il, plaidant pour la mise en place d’un bon service d’intelligence afin de combattre le banditisme.

Le prêtre Simoly Joseph a été tué par balles, le jeudi 21 décembre 2017, à Frères (à l’est de Port-au-Prince), par des individus non identifiés.

Tout en condamnant cet assassinat, Monseigneur Pierre André Dumas, de la Conférence épiscopale d’Haïti (Ceh), a appelé à une culture de paix en Haïti. [emb gp rc apr 22/12/2017 15:50]

Texte : Emmanuel Marino Bruno
Photo et vidéo : Gotson Pierre


TiChèzBa, édition du 9 décembre 2017 - Invité, Jude Édouard Pierre, maire de Carrefour et président de la Fédération nationale des maires d’Haïti

Le maire de la commune de Carrefour, Jude Edouard Pierre, également président de la Fédération nationale des maires d’Haiti (Fenamh), préconise la mise en place d’une structure dénommée Union des collectivités territoriales des Caraïbes, en vue de faire face aux changements climatiques, qui affectent la région.