P-au-P., 21 févr. 05 [AlterPresse] --- Les autorités d’Haïti ont annoncé ce 21 février des changements au niveau de la direction de l’administration pénitentiaire haitienne, 2 jours après l’évasion de plus de 480 prisonniers le 19 février de la prison centrale de Port-au-Prince.
Le Directeur de la prison, le Commissaire Sony Marcellus, a été mis en isolement et a été remplacé par le Commissaire Pady Dominique Voltaire. Le Directeur de l’administration pénitentiaire, le Commissaire Claude Eugène Theodate Jr, a été révoqué et remplacé par le Commissaire Marc Wilkens.
Les secteurs politiques ont exprimé beaucoup d’inquiétudes après cette évasion massive de prisonniers, dont de grands criminels et de hauts dirigeants du régime déchu. L’ex maire Evans Paul du parti Convention Unité Démocratique (KID), a fait savoir qu’une douzaine de partis de diverses tendances et des organisations de plusieurs secteurs sont en consultation en vue d’une position commune sur la situation.
« Le gouvernement doit des explications claires à la population », a déclaré Evans Paul. Il a qualifié la situation d’« extrêmement grave » et a estimé que « ces événements discréditent le pays, fragilisent la sécurité de la population et hypothèquent l’avenir de la société haïtienne ».
En prenant en considération les dispositifs de sécurité de la prison, Evans Paul a affirmé que l’opération a pu être possible « grâce à une grande complicité et un manque de leadership du gouvernement ».
L’ex sénateur dissident de Lavalas, Prince Pierre Sonson, du Mouvement Démocratique et Réformateur Haitien (MODEREH), s’est dit « choqué » par les évènements du week-end écoulé. Selon le parti, cette situation résulte de « l’inaction, la passivité, l’incompétence et l’irresponsabilité » du gouvernement en place.
« Il n’y a pas d’Etat » et « personne n’est en sécurité », a fait savoir Prince Pierre Sonson, qui a mis en doute la possibilité d’organiser des élections dans un tel contexte. Tout en se disant disposé à contribuer à une « autre alternative » de transition, il a appelé les responsables du gouvernement à « faire le geste patriotique nécessaire en ce moment ».
L’industriel Charles Baker du Groupe des 184 (associations de divers secteurs) a estimé que l’évasion massive du 20 février représente « un coup dur pour la démocratie et la justice ». Les fugitifs représentent « un grand danger pour la population », a estimé Baker.
Le dirigeant du Groupe des 184 a demandé que le Chef du gouvernement, Gérard Latortue, et le Chef de la police, Léon Charles, d’effectuer « un grand nettoyage » au sein de la police et de l’administration pénitentiaire. Il a aussi suggéré que les gardiens de la prison puissent bénéficier de moyens nécessaires pour protéger le centre carcéral.
Pour sa part, le Directeur de la Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens (NCHR), Pierre Espérance, a demandé la mise en place d’une Commission d’enquête indépendante pour déterminer ce qui s’est passé. Il a insisté sur la nécessité d’une « réforme profonde » au sein de l’administration pénitentiaire. [gp apr 21/02/2005 16:00]