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Politique : Des organisations de droits humains mettent en garde contre toute tentative d’écarter le dossier des fonds PetroCaribe en Haïti

P-au-P, 18 déc. 2017 [AlterPresse] --- Des organisations de droits humains [1] lancent un appel à la mobilisation citoyenne, en vue de faire échec à toute tentative de noyer les rapports du sénat sur la dilapidation des fonds PetroCaribe, dans une note en date du 15 décembre 2017, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Elles se disent consternées par « le comportement inexplicable » du président de la république, Jovenel Moïse, qui prétend être le porte-étendard de la lutte contre la corruption, alors qu’il met tout en œuvre pour affaiblir les institutions haïtiennes, appelées à lutter contre le fléau de la corruption.

Lors d’une intervention, à Paris (France), le mardi 12 décembre 2017, Moïse a affirmé avoir, lui-même, empêché le sénat de statuer sur le rapport de la commission sénatoriale d’enquête sur la gestion des fonds du programme PetroCaribe.

Il s’en est pris ouvertement à la commission sénatoriale, ayant travaillé sur ce second rapport, qu’il voit comme un moyen de persécution politique.

De plus, le président a aussi affirmé avoir renouvelé le mandat d’« une cinquantaine de juges, soupçonnés de corruption ».

Ces déclarations, malvenues, d’un « président institutionnel » décrédibilisent encore plus le pouvoir judiciaire, anéantissant ainsi les espoirs des citoyennes et citoyens de voir, un jour, se tarir cette vanne d’impunité, critiquent ces organisations, qui se disent très scandalisées.

Il est du devoir des citoyennes et citoyens d’élever la voix pour demander des comptes sur l’utilisation des fonds PetroCaribe et d’exiger des efforts institutionnels, visant à empêcher que le pays soit soumis aux caprices d’un homme ou de quelques hommes et femmes, qui consolident la dynastie de la corruption, le présidentialisme et toutes les formes de la pensée unique, estiment-elles.

Elles rappellent aux sénateurs qu’ils ont été élus pour défendre les intérêts de la population et non ceux d’un président, d’un gouvernement ou d’un groupe d’individus.

L’obligation incombe également à l’appareil judiciaire de sanctionner toute personne, ayant commis une infraction.

Deux (2) commissions distinctes du sénat de la république ont enquêté et publié respectivement, les 17 août 2016 et 10 novembre 2017, deux (2) rapports, portant sur la dilapidation des fonds PetroCaribe.

Les rapports, élaborés par les deux (2) commissions sénatoriales, offrent aux autorités étatiques le prétexte idéal, pour, enfin, entamer concrètement la lutte contre la corruption. Il est donc de leur devoir de saisir cette opportunité et d’écrire, autrement, une tranche de l’histoire d’Haïti, souhaitent les organisations.

Plus d’une quinzaine de personnalités - dont deux anciens premiers ministres, Jean Max Bellerive (novembre 2009 - mai 2011) et Laurent Salvador Lamothe (mai 2012 - décembre 2014) - ainsi que d’anciens ministres, d’anciens directeurs généraux et des responsables de firmes de constructions, impliquées dans des appels d’offres suspects, sont soupçonnés de corruption dans le second document d’enquête sur la gestion des fonds PetroCaribe, présidée par le sénateur Évalière Beauplan. [la emb rc apr 18/12/2017 16:00]


[1Les organisations signataires de la note sont la Solidarite fanm ayisyèn (Sofa), l’Unité de recherche et d’action médico-légale (Uramel), le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), la Commission épiscopale nationale (catholique romaine) Justice et paix (Ce-Jilap), le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh), la Plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh), et le Centre de recherche et de formation économique et sociale pour le développement (Cresfed)