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Haïti : Graduation d’une nouvelle promotion de la police… au milieu des ordures

Par Gotson Pierre

P-au-P., 18 déc. 2017 [AlterPresse] --- L’École nationale de police (Enp) est, ce lundi 18 décembre 2017, le lieu de rendez-vous des plus hautes autorités du pays et des personnalités de la diplomatie ainsi que de la coopération, à l’occasion de la graduation de la 28e promotion de la Police nationale d’Haïti (Pnh).

Mais les abords de l’Enp, envahis par des ordures de toutes sortes, ne laissent nullement supposer que s’y tient une si importante activité, constate AlterPresse.

Sauf le dispositif policier mis en place et les va-et-vient de grosses cylindrées immatriculées Officiel (OF), Service de l’État (SE), Corps Diplomatique (CD) et Organisation Internationale (OI).

Elles traversent allègrement le tronçon bordé de fatras, situé entre le Carrefour Sainte-Claire et l’entrée de l’Enp. Sans ménagement, elles avalent les trous remplis d’eau boueuse, qui jalonnent la rue.

Les riveraines et riverains s’étonnent que, dans les préparatifs de l’événement, annoncé depuis la semaine dernière, le nettoyage des lieux n’ait pas été pris en compte. Même pour cette occasion uniquement.

Depuis de nombreux mois, ce segment de la zone de Frères (est de la capitale) et plus largement l’agglomération de Pernier sont totalement délaissés.

Pas de ramassage régulier des déchets, qui sont déposés à même le sol, tout le long du mur de clôture de l’Enp et partout dans l’agglomération. Une benne, placée pour recueillir les immondices, a été enlevée depuis très longtemps, elle n’a jamais été remplacée.

Le Service métropolitain de collecte des résidus solides (Smcrs) n’intervient que de manière aléatoire pour amasser en partie les déchets empilés. De sorte que Pernier tend à se transformer, au fur et à mesure, en une vaste déchetterie.

Devant l’inaction des autorités locales et centrales, quelques initiatives individuelles sont prises pour assurer, occasionnellement, le nettoyage dans quelques blocs. Mais l’effet de ces actions est éphémère, car les capacités pour assurer le suivi n’existent pas.

La plupart des habitantes et habitants de la zone n’ont d’autres recours que d’incendier des piles d’immondices, avec de potentiels effets sur la santé des riveraines et riverains.

L’abandon de cette partie de la population de la zone métropolitaine se voit également dans l’état de total délabrement des infrastructures, notamment routières.

Alors que la route de Pernier, construite vers la fin des années 1990, tend à disparaître, sous l’effet d’inondations récurrentes, de coulées de gravats, aucune intervention sérieuse n’a été faite pour tenter de préserver ce qui peut encore l’être.

Des sections entières de cette voie très fréquentée, desservant une importante population, sont impraticables.

L’insalubrité et l’isolement semblent être une fatalité pour cette zone, qui abrite, pourtant, le plus grand centre de formation de policiers pour tout le pays, ainsi que les bureaux du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj), qui coiffe le pouvoir judiciaire, un des trois pouvoirs d’État.

Inimaginable, dans toute société normale !

Mais, les plus hautes autorités du pays, qui ont traversé les crevasses boueuses, à côté des amas de déchets, pour se rendre à l’Enp, ce lundi 18 décembre 2017, n’ont sûrement rien vu. [gp apr 18/12/2017 13:00]