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Lancement du Ve Recensement général de la population et de l’habitat en Haïti

Les résultats préliminaires prévus en mars 2019

P-au-P, 08 déc. 2017 [AlterPresse] --- L’Institut haïtien de statistique et d’informatique (Ihsi) a lancé, le mercredi 7 décembre 2017, le cinquième Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph-2018), à Port-au-Prince, observe l’agence en ligne AlterPresse.

Ce lancement fait suite à la parution, dans le journal officiel Le Moniteur, le 11 janvier 2017, de l’arrêté présidentiel annonçant le Rgph-2018.

En réalité, le processus, devant aboutir au Ve Rgph, en Haïti, a démarré depuis 2011, avec un exercice de mise à jour cartographique.

Des cartographes, « préparés » par l’Ihsi, ont été dépêchés sur le terrain, en vue de constater et d’enregistrer les évolutions dans les différents départements du pays, vu que le dernier Rgph en Haïti remonte à 2003, précise Danilia M. Altidor, directrice de l’institution.

Un premier dénombrement « pilote » de la population aura lieu au cours de ce mois de décembre 2017, sur quatre départements du pays : l’Ouest, la Grande Anse (Sud-Ouest), le Sud et l’Artibonite.

L’idée est de réaliser l’exercice sur un espace donné, en vue de noter les failles et d’apporter des corrections nécessaires « avant le lancement de la vraie activité ».

Il y aura beaucoup d’innovations dans le cadre du Rgph-2018, fait savoir le directeur du bureau du recensement à l’Ihsi, Daniel Milbin.

Des tablettes électroniques, avec le Système mondial de positionnement (Gps) intégré, seront, entre autres, utilisées pour collecter des informations sur le terrain, afin de réduire les risques d’erreurs humaines dans le traitement.

Ceci permettrait, selon lui, une meilleure gestion de la qualité des données et la réduction des délais de diffusion pour les utilisatrices et utilisateurs.

Aussi, une attention spéciale sera-t-elle accordée aux indicateurs de genre, souligne-t-il.

Les résultats préliminaires et définitifs du dernier recensement de la population haïtienne sont prévus, respectivement, en mars et novembre 2019.

Le coût total du projet s’élève à 29,8 millions de dollars américains (équivalent à 1,788 milliard de gourdes), selon le budget prévisionnel.

La contribution de l’Etat haïtien s’élève à 5,7 millions de dollars américains, soit 19%, celle de la Banque mondiale (Bm) à 10 millions, soit 34%.

Pour sa part, la Banque interaméricaine de développement (Bid) contribue à hauteur de 8 millions, soit 27%, et le Canada à 6,1 millions, soit 20%.

Ces montants seront gérés par la branche en Haïti du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa).

En 2003, lors du dernier recensement général, la population haïtienne était estimée à plus de 8 millions de personnes.

Suite aux nombreux changements, intervenus, depuis lors, dans la structure et la composition de la population, le taux de croissance a augmenté de 1.4 %. Ce qui est assez élevé, par rapport aux besoins de la population, notamment en infrastructures et services de base.

Le pays a aussi connu certains événements majeurs, comme le tremblement de terre du 12 janvier 2010 et le cyclone Matthew les 5 et 6 octobre 2016.

Déjà, la base de données, dont disposait Haïti avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010, n’est plus valide. Car, de nombreuses personnes sont mortes et la plupart des maisons n’existent plus, a fait remarquer le titulaire du Ministère de l’économie et des finances (Mef), Jude Alix Patrick Salomon.

Sans oublier les déplacements massifs, à la fois internes et internationaux, occasionnés par ces catastrophes.

Salomon estime qu’un recensement est essentiel pour permettre de prendre des décisions, élaborer des politiques publiques, qui auront des incidences sur la vie sociale et économique de la population.

Les organisations internationales, les étudaintes et étudiants nationaux et internationaux, les transnationales, les Organisations non gouvernementales (Ong) et d’autres entités, comme les entreprises commerciales, industrielles, ou les médias, toutes et tous auront besoin des données du recensement, en vue d’élaborer leurs politiques et de mettre en place leurs stratégies.

« Tout le monde doit contribuer à la réussite de ce recensement », encourage-t-il.

C’est un « impératif » de mesurer les différentes composantes de la population, en vue de prendre les décisions, soutient Daniel Milbin.

Certes, à partir des techniques de projection de populations, l’Ihsi peut faire des estimations régulières. Mais, malheureusement, les données obtenues ne peuvent plus être considérées comme étant « fiables », fait-il remarquer.

Il faut un recensement en vue du réajustement des projections de populations, sa structure par sexe et par âge et sa répartition sur le territoire, justifie-t-il.

L’Organisation des Nations unies (Onu) recommande un recensement tous les dix ans. Certains pays parviennent à respecter cette périodicité. Mais d’autres n’y arrivent pas, et pour de nombreuses raisons, indique à AlterPresse la directrice générale de l’Ihsi.

Haïti, par exemple, va avoir son cinquième recensement général en 2018. Avec beaucoup de retard. Les quatre derniers ont eu lieu en 1950, 1971, 1982 et 2003. Celui de 2013 a été reporté, à plusieurs reprises, à 2014 et 2016.

« Cette fois-ci, c’est pour de bon, le recensement aura lieu en 2018 », tente de rassurer Altidor.

L’Unfpa souhaite que ce Ve recensement soit organisé « selon les normes scientifiques, qu’il soit fiable et que les données servent la planification, la mise en œuvre et le suivi des programmes de développement en Haïti ».

Ce recensement sera conduit par l’Ihsi, avec l’appui technique de l’Unfpa et le support financier de la Banque mondiale, de la Bid et de la coopération canadienne. [rjl emb gp apr 08/12/2017 10:40]