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Haïti : Des milliers de personnes défilent, à Port-au-Prince, contre la corruption et l’impunité

Actualisé à 17:00

P-au-P, 05 déc. 2017 [AlterPresse] --- A l’initiative du Collectif du 4 décembre 2013 et de plusieurs organisations de la société civile, des milliers de personnes ont marché, ce mardi 5 décembre 2017, dans les rues de Port-au-Prince, contre la corruption et l’impunité en Haïti, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Munis de pancartes et de banderoles, sur lesquelles étaient imprimés des messages de dénonciation de la corruption, les manifestantes et manifestants ont lancé des propos hostiles au président de la république, Jovenel Moïse, le qualifiant de « corrompu » et d’« inculpé ».

« A bas la corruption, la corruption est un péché mortel ; Carton rouge contre la corruption. La corruption et le Parti haïtien tèt kale (Phtk de Jovenel Moïse) représentent le cancer qui tue le pays. La corruption empêche le peuple de manger et de travailler. Il faut juger les voleurs de l’argent (des fonds) PetroCaribe », lit-on sur des pancartes et banderoles.

Ont pris part à cette marche, plusieurs personnalités, dont l’ancienne conseillère électorale Ginette Chérubin, l’ex-premier ministre désigné sous le gouvernement de transition de Jocelerme Privert, Fritz Alphonse Jean, l’ex directeur de la Police nationale d’Haïti (Pnh), Mario Andrésol, l’ex-candidat à la présidence Eric Jean-Baptiste, le coordonnateur de l’Union nationale des normaliennes et normaliens (Unnoh), Josué Mérilien, Guy Numa du Mouvement démocratique populaire (Modep), Antonal Mortimé du Collectif Défenseurs Plus et plusieurs étudiants de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), entre autres.

La foule était encadrée par un fort dispositif de sécurité, mis en place par des agents de la Police nationale d’Haiti (Pnh), avec des patrouilles postées devant certaines institutions publiques et privées, pour empêcher d’éventuelles casses.

La lutte contre la corruption vise à dénoncer ce système « gaspilleur » et « torpilleur », qui ne peut pas répondre aux exigences de la population, critique David Oxygène du Mouvement de liberté et d’égalité des Haïtiens pour la fraternité (Moleghaf).

C’est une lutte contre l’exploitation de la classe ouvrière, dans les usines de sous-traitance, et contre la bourgeoisie, poursuit-il.

Cette marche constitue un mouvemen, pour que la population ait accès à la santé, à la justice, à l’éducation, soutient, pour sa part, Serge Jean-Louis, du Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod).

Il appelle les autorités à faire le suivi du rapport d’une commission d’enquête sénatoriale sur la gestion des fonds PetroCaribe, environ 3 milliards de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 81.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui).

La corruption est liée à un ensemble de violations de droits humains. La corruption enlève à l’Etat les moyens pour investir dans la santé et l’éducation, explique Antonal Mortimé du Collectif Défenseurs Plus.

Il encourage toutes les personnes victimes de corruption, notamment celles de toutes les villes de province, à rejoindre la mobilisation.

Il exhorte également la justice et la police à poursuivre les personnes impliquées dans la corruption.

L’Unité centrale de renseignements financiers (Ucref) et l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc) doivent investiguer les cas de personnes, impliquées dans le détournement des fonds de PetroCaribe, pour que cet argent soit restitué à l’Etat, souhaite le Modep.

La corruption a un lien direct avec la situation de misère, qui sévit dans le pays, avance le coordonnateur de l’Unnoh, qui encourage la population à se mobiliser contre la corruption.

Ayant démarré sur la place de la Constitution, au Champ de Mars (principale place publique de la capitale, Port-au-Prince), le mouvement a parcouru plusieurs rues de la capitale, avant d’observer un arrêt devant le Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), à l’Avenue Charles Summer.

La marche a été dispersée par la police à l’aide de canon à eau acidulée et à coups de gaz lacrymogènes devant le parlement. Ce qui a empêché les responsables de délivrer leurs messages ainsi qu’un document de doléances au secrétariat du parlement.

Ce document sera remis, le samedi 9 décembre 2017, journée internationale de lutte contre la corruption, aux autorités judiciaires, dont le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj), ainsi qu’aux responsables du parlement, annonce le coordonnateur du Collectif du 4 décembre 2013, Jean-Robert Argant.

Récemment, la commission spéciale du sénat, chargée d’enquêter sur la gestion des fonds PetroCaribe, a publié son rapport, qui a épinglé plusieurs hauts fonctionnaires de l’Etat dans le dossier de corruption.

Il s’agit, entre autres, de Laurent Salvador Lamothe - ancien premier ministre (du 16 mai 2012 - 14 décembre 2014), ex-titulaire du Ministère de la planification et de la coopération externe (Mpce, 6 août 2012 - 14 décembre 2014), ex-titulaire du Ministère des affaires étrangères et des cultes (Maec, 24 octobre 2011 - 6 août 2012) -, Wilson Laleau - ancien titulaire du Ministère de l’économie et des finances (Mef, 18 janvier 2015- 23 mars 2016, précédemment 11 avril 2013 - 2 avril 2014), et ancien titulaire du Ministère du commerce et de l’industrie (Mci, 18 octobre 2011 - 18 janvier 2015) - et Stéphanie Balmir Villedrouin - ancienne titulaire du Ministère du tourisme et des industries créatives (2 avril 2014 - 23 mars 2016), ancienne titulaire du Ministère du tourisme (20 octobre 2011 - 2 avril 2014) - , sous l’ancienne administration de Joseph Michel Martelly (14 mai 2011 - 7 février 2016). [bd emb gp apr 05/12/2017 16:40]