P-au-P, 1er déc. 2017 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) a identifié des cas d’exécutions sommaires, dans l’opération menée, le lundi 13 novembre 2017, par des agents de la Police nationale d’Haïti à Gran Ravin, dans le quartier de Martissant (périphérie sud de la capitale), selon des éléments tirés de son rapport d’enquête sur les événements, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse..
Au moins cinq (5) des 11 personnes tuées ont reçu des balles à la tête, au cou et à la poitrine, souligne le rapport d’enquête du Rnddh, en date du 29 novembre 2017.
Un enseignant, du nom de David Jean-Baptiste, a été frappé à coups de crosse d’arme à feu, par les policiers. Puis, il a été exécuté de plusieurs balles, dont l’une à la tête.
Onze (11) personnes, dont deux agents de la Pnh et neuf (9) habitants (dans la population), ont été tuées, selon les témoignages recueillis par le Rnddh.
Guy Evens Philidor et Jimmy Boya de l’Unité départementale de maintien d’ordre (Udmo) sont les deux victimes au sein de la Pnh.
Cinq (5) blessés ont été enregistrés : un enseignant du Collège évangélique Maranatha (Cem) et quatre (4) agents de la Pnh.
Trente-deux (32) personnes ont été interpellées et amenées au commissariat de Port-au-Prince. Vingt-deux (22) d’entre elles ont été acheminées au parquet près le tribunal de première instance de Port-au-Prince.
Le directeur du Collège évangélique Maranatha, Armand Louis, a été battu, arrêté lors de cette opération, puis remis en liberté, le 20 novembre 2017, pour des raisons humanitaires.
Aucune arme n’a été récupérée par la Pnh. Par conséquent, les personnes tuées n’étaient pas des combattants, signale le rapport d’enquête du Rnddh, qui voit dans l’opération du 13 novembre 2017 « une énorme bévue policière ».
« Aujourd’hui, un calme apparent semble régner à Gran Ravin. Les activités ont repris peu à peu. Cependant, la peur, engendrée par les événements du 13 novembre 2017, est encore palpable. Plusieurs riveraines et riverains s’attendent à une nouvelle descente des lieux, de la part de l’institution policière ».
Le Rnddh recommande de diligenter « une enquêter sérieuse et objective » sur cette opération, en vue d’identifier les responsables des exactions commises et de les sanctionner.
Il demande également de trouver la provenance des armes sophistiquées, qui sont en possession des bandits de Gran Ravin et de Tibwa ; et de traduire, par-devant les autorités concernées, les auteurs et complices de ceux qui arment la population.
Le Rnddh exhorte les autorités à « déconstruire » le problème de l’insécurité généralisée dans le pays et dans les zones de non-droit, en particulier, en vue d’une solution durable.
L’organisme de défense des droits humains recommande d’accompagner les parents des policiers et des habitants, au sein de la population, tués le 13 novembre 2017, et de traiter sereinement les dossiers des personnes arrêtées dans le cadre de cette opération.
Le lundi 20 novembre 2017, le premier ministre Jack Guy Lafontant, également président du Conseil supérieur de la police nationale (Cspn), a annoncé des sanctions à l’encontre des responsables de cette « bavure » à Gran Ravin, au terme d’une réunion de travail entre les membres du Cspn et ceux de la commission justice, sécurité et défense nationale au sénat.
Préalablement, le jeudi 16 novembre 2017, la cheffe de la la Mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti (Minujusth), l’Américaine Susan D. Page, a exhorté les autorités nationales à ouvrir immédiatement une enquête judiciaire pour que les personnes responsables de ces violences soient poursuivies, conformément à la règle de droit et en toute transparence.
De son côté, Michel-Ange Gédéon, directeur général de la Police nationale d’Haïti (Pnh), a encouragé les cadres de ladite institution policière à sanctionner, sous leur autorité, les policiers responsables d’erreurs et « bavures » à répétition récentes, lors d’un symposium organisé à Port-au-Prince, le mercredi 29 novembre 2017. [la emb rc apr 1er/12/2017 14:45]