P-au-P, 1er décembre 2017 [AlterPresse] --- Le projet d’amendement de la Constitution haïtienne de 1987 risque d’aggraver la situation politique actuelle, estime l’ancien sénateur Jean William Jeanty, coordonnateur national du parti Kontrapèpla.
Cette démarche inopportune ne va pas résoudre les problèmes du pays, prévient l’ancien parlementaire, invité à l’émission TiChèzBa, animée par Gotson Pierre et prévue pour être diffusée les samedi 2 et dimanche 3 décembre 2017 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).
Il plaide en faveur d’un véritable dialogue avec tous les secteurs de la vie nationale, capable de permettre d’adresser les problèmes fondamentaux d’Haïti, qui sont, dit-il, « profonds et graves ».
Il exhorte, de préférence, le pouvoir à organiser une « conférence nationale souveraine » avec toutes les forces du pays, pour poser les problèmes et en trouver les solutions, sur la base de consensus.
Il promeut également une révision du système politique, issue de réflexions profondes sur les antagonismes et les conflits, qui seraient susceptibles de déboucher sur la guerre civile et davantage de crises.
Créée en mars 2017, une Commission spéciale de la chambre des députés, dotée d’un mandat de 2 ans, entame des consultations avec différents secteurs de la vie nationale, en vue de l’amendement de la Constitution haïtienne de 1987.
Une rencontre de travail a été réalisée le mercredi 29 novembre 2017 avec des responsables de partis politiques autour des suggestions relatives à un éventuel amendement de la constitution d’ici la fin de la 50e législature.
Des partis politiques sont invités à formuler leurs propositions sur le processus d’amendement de la constitution avant le 31 décembre 2017, après leurs réflexions à l’interne, autour d’un document du premier rapport de la commission concernant les failles et lacunes relevées dans la Constitution, avait fait savoir le député Jerry Tardieu, président de ladite commission.
Jeanty met en cause la légitimité et la crédibilité du parlement haïtien pour entreprendre de telles démarches d’amendement de la Constitution.
De plus, le comportement du parlement renforce les malaises de la population, avec le vote de plusieurs lois notamment celles sur la diffamation et le budget impopulaire 2017-2018.
Les mobilisations de l’opposition contre le pouvoir, se sont poursuivies, le mercredi 29 novembre 2017, date marquant le 30e anniversaire du massacre de la Ruelle Vaillant à Port-au-Prince, pour dénoncer ce budget, l’amendement de la Constitution haïtienne de 1987 et le projet de création de la nouvelle force armée d’Haïti, entres autres.
Par ailleurs, Jean William Jeanty voit les rencontres organisées dans le contexte actuel, par le pouvoir en place, autour du financement des partis politiques, comme une tentative de les corrompre.
Le financement des partis politiques n’est pas une priorité, compte tenu de la situation de crise multiforme que vit le pays, dénonce-t-il.
« Il y a une loi qui dit comment financer les partis politiques. Pourquoi d’autres acrobaties pour résoudre ce problème. C’est plus une diversion et une démarche pour désamorcer la mobilisation en cours dans les rues », fait remarquer le coordonnateur national du parti Kontrapèpla.
Kontrapèpla avait décliné une invitation de l’exécutif à prendre part à une séance de travail autour du financement des partis politiques, dans une correspondance adressée au cabinet du chef de l’État, le 10 octobre 2017. [emb gp apr 01/12/2017 14 :00]
Texte : Emmanuel Marino Bruno
Photo : Abdonel Dorvil
Diaporama sonore : Gotson Pierre