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Haïti-Insécurité : Plusieurs morts par balles, dont deux policiers nationaux, à Gran Ravin, lors d’une intervention anti-gang de la Pnh

P-au-P, 14 nov. 2017 [AlterPresse] --- Une intervention anti-gangs de la Police nationale d’Haïti (Pnh), le lundi 14 novembre 2017, à Gran Ravin (une zone qui serait sous le contrôle de bandits armés, depuis plusieurs années, sur les hauteurs de Martissant, périphérie sud de la capitale, Port-au-Prince), a fait plusieurs morts, dont deux policiers nationaux, selon des informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.

Cette opération a permis à la Pnh d’effectuer une trentaine d’arrestations.

« Un échange de tirs, entre policiers et bandits, s’est soldé par des morts parmi les policiers. Par la suite, les agents de l’ordre ont tué le gardien et un professeur de l’école », rapporte la mission protestante Union évangélique baptiste d’Haiti (Uebh), dans une note, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

« L’ingénieur Armand Louis, directeur du Collège évangélique Maranatha, membre du comité exécutif de l’Uebh et ancien membre d’une Commission présidentielle, a été brutalisé, puis transporté à la Direction départementale de l’Ouest (Ddo) de la Police nationale, sous des accusations invraisemblables », dénonce t-elle.

La mission protestante Union évangélique baptiste d’Haiti dit déplorer fermement le comportement des policiers nationaux envers l’ingénieur Louis.

« Tous ceux, qui le connaissent, peuvent témoigner de son intégrité, de sa rectitude et de son intérêt pour l’éducation de tous les enfants de la zone ».

La mission protestante Uebh réclame une enquête pour déterminer les conditions, dans lesquelles sont décédés les vaillants policiers et les innocentes victimes du Collège évangélique Maranatha.

« Ce massacre, survenu sur le campus de la mission Uebh, devra aussi interpeller tout le monde, concernant cette bombe à retardement, que constitue la zone de Gran Ravin, si on permet qu’elle continue à s’étendre de façon anarchique. »

« Les interventions anti-gangs font trop de victimes innocentes. Les honnêtes citoyens sont toujours exposés, quand les bandits s’affrontent entre eux, ou bien avec des policiers », déplorent les riveraines et riverains dans la zone.

Une source, qui requiert l’anonymat, condamne l’arrestation, la bastonnade et l’emprisonnement du prédicateur Armand Louis, directeur du Collège évangélique Maranatha, suite à l’opération.

Le pasteur a été accusé d’avoir induit les policiers en erreur, en les menant dans un dépôt, où il prétendait que des bandits auraient caché des armes, explique le porte-parole de la Direction départementale de l’Ouest (Ddo) de la Pnh, le commissaire Jean Ismagne Auguste, au journal « Le Nouvelliste ».

Selon plusieurs témoins, Louis a été sévèrement malmené, avant d’être arrêté et emmené par des policiers nationaux.

Ce serait en tentant de suivre les pistes, fournies par le pasteur, que Jimmy Boyard et Guy Evens Philidor, deux policiers de l’Unité départementale de maintien d’ordre (Udmo), se seraient fait tuer par des bandits lourdement armés, fait savoir le commissaire Auguste.

Depuis le lundi 13 novembre 2017, d’anciens élèves du Collège Maranatha, notamment ceux qui sont allés voir le pasteur dans sa cellule, dénoncent l’état, très critique, dans lequel ils l’ont vu.

Ils réclament la libération du directeur, un « personnage exemplaire », traînant, derrière lui, plus de trente ans d’expérience dans le domaine de l’enseignement.

Louis a toujours dénoncé la présence de bandits, qui circulent comme ils veulent à Gran Ravin.

Il y aurait également des morts dans la population civile, notamment le gardien (Julio) du Collège évangélique Maranatha (Cem) ainsi qu’un autre enseignant, connu sous le nom de David, selon d’autres sources.

Ces cas de décès, concernant la population civile, n’ont pas été signalés, ni par le commissaire de la Ddo de la Pnh, ni par le président Jovenel Moïse et le premier ministre Jack Guy Lafontant, dans leurs messages de sympathies, adressés uniquement aux familles des policiers nationaux victimes.

« Je salue le courage et la bravoure de nos policiers, qui font, dans des conditions rudes et compliquées, un travail héroïque, dans cette lutte essentielle contre la barbarie. De tels incidents douloureux nous rappellent les risques, que prennent nos policiers, tous les jours, afin d’assurer la sécurité de tous les Haïtiens », réagit le directeur général de la Pnh, Michel-Ange Gédéon, dans un message de solidarité, posté sur son compte Facebook.

« Haïti, mettez-vous debout pour apporter votre soutien aux forces de l’ordre, qui sont en première ligne dans cette lutte contre le banditisme. Que toute la Nation entière serre les coudes avec la Pnh », dit Gédéon.

Lumière doit être faite sur ces opérations ainsi que sur les pertes matérielles et humaines collatérales, exigent les habitantes et habitants de Gran Ravin et des zones avoisinantes de Carrefour Feuilles (au sud-est de la capitale).

L’opération anti-gangs de la Police nationale d’Haïti, le lundi 13 novembre 2017, a eu lieu après un appel d’habitantes et d’habitants des quartiers 4e et 5e avenues Bolosse, aux autorités, pour venir tranquilliser le secteur, terrorisé depuis quelques jours par les tirs d’armes et affrontements armés entre bandits.

Le samedi 11 novembre 2017, la Pnh a procédé, dans la zone de Jalousie (à Pétionville, municipalité à l’est de la capitale), à l’arrestation de plus de 24 individus, « soupçonnés d’implication dans des actes de violence et de banditisme, notamment dans la commune de Pétionville », a fait savoir le porte-parole adjoint de la Pnh, l’inspecteur Gary Desrosiers. [rjl emb rc apr 14/11/2017 15:00]