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Haïti-Droits humains : Conclusions de l’IgPnh, encore attendues sur les brutalités policières de la Boid, en octobre 2017 à Lilavois

P-au-P, 10 nov. 2017 [AlterPresse] --- Environ un mois après les brutalités policières, les conclusions de l’enquête de l’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti (IgPnh), se font encore attendre sur les violences, perpétrées, dans l’après-midi et la soirée du jeudi 12 octobre 2017, par les agents de la Brigade d’opération et d’intervention départementale (Boid), sur les habitantes et habitants de Lilavois (une agglomération de Bon Repos, au nord de la capitale), selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

Beaucoup d’officiels tendraient à banaliser les brutalités policières à Lilavois, faisant accroire que les habitantes et habitants auraient, eux-mêmes, incendié leurs maisons… à Lilavois 10 et fait porter la responsabilité aux agents de la Boid, dépêchés à cette date.

Un des éléments, devant sortir de l’enquête de l’IgPnh, consisterait en le nombre d’agents de la Boid, déployés à Lilavois, après l’assassinat de l’un des leurs. Un autre élément attendu, c’est la quantité d’arrestations (les personnes arrêtées ont-elles été traduites devant la justice ? qu’est-il advenu des personnes arrêtées et portées disparues, voire abattues par balles, à l’exemple d’un gardien de l’entreprise Euro Blocs, rapporté par l’Observatoire haïtien des droits humains / Ohdh, dans un rapport d’investigation sur les lieux des violences) ? quid des exactions commises ?, etc.

En représailles à l’assassinat, le jeudi 12 octobre 2017, de l’agent de la Boid Wadson Jean, par des bandits armés circulant à moto à Lilavois 39, les agents de la Boid sont soupçonnés d’avoir incendié plus d’une dizaine de maisons et commerces, brûlé des voitures et des motocyclettes …, voire d’avoir exécuté ou fait disparaître des personnes arrêtées. Mais, ils ont malmené des mécaniciens à l’intérieur d’un garage à Lilavois 11, bastonné des riverains en faisant gicler leur sang…

L’enquête de l’IgPnh doit vérifier les témoignages des habitantes et habitants de Lilavois, ainsi que des organismes des droits humains, affirmant que des personnes, arrêtées par les agents de la Boid, n’ont jamais été retrouvées par leurs familles, indique la mairie de la Croix-des-Bouquets, dans une interview à l’agence en ligne AlterPresse.

« L’enquête terminée, le pouvoir central et la Pnh doivent dédommager les personnes victimes de ces violences », souhaite la mairie de la Croix des Bouquets, qui déplore le caractère « fracassant et émotionnel » de l’intervention d’agents de la Boid à Lilavois, le jeudi 12 octobre 2017.

Tout en réaffirmant sa volonté de créer un climat sécuritaire dans la zone de Lilavois, la mairie de la Croix des Bouquets n’a pas encore annoncé le type d’accompagnement, qu’elle avait promis aux victimes des brutalités policières, lors du constat de l’ampleur des dégâts, dans la matinée du vendredi 13 octobre 2017, par un juge de paix, en présence du maire principal de la municipalité, Rony Colin.

Au micro de journalistes, plusieurs habitantes et habitants de Lilavois ont dénoncé les abus, dont ils ont été victimes d’agents de la Boid.

« Lors des opérations policières des agents de la Boid, ce jeudi 12 octobre 2017, je me suis mise à trembler face à la terreur constatée. Notre maison a été incendiée, notre commerce, notre argent, les fournitures classiques de mes enfants, y compris un lap top, et d’autres effets personnels, qui s’y trouvaient, n’ont pas été épargnés par les violences des agents de la Boid », a témoigné, à AlterPresse, l’une des victimes, Mona Pétion, qui affirme souffrir d’hypertension artérielle.

« Nous habitions la maison, aujourd’hui incendiée, depuis 1981, à l’époque où le sac de ciment gris (de construction) était vendu à 12 gourdes », se rappelle Mona Pétion.

« Je ne sais pas ce que je vais faire. Je n’ai plus rien. Je vais parler avec mes créanciers pour leur demander de me donner un délai raisonnable, pour que je puisse les rembourser, après ces pertes », espère-t-elle, les larmes aux yeux.

« À présent, je n’ai nulle part où aller. Les policiers, qui ont fait la descente chez moi, m’ont accusé d’être de connivence avec de jeunes suspects à Lilavois 10. Moi, je suis une personne d’église, qui n’aime pas la violence », confie-t-elle.

Après l’incendie de sa maison, Mona Pétion a dû se réfugier chez des proches, la nuit du jeudi 12 octobre 2017. Le lendemain, c’est la solidarité de voisines et de voisins qui a empêché Mona Pétion de perdre la tête, tant elle paraissait effondrée et visiblement traumatisée par la violence des abus subis.

Plusieurs organisations de défense des droits humains ont condamné l’attaque des agents de la Boid contre la population de Lilavois, qui serait « comparable, tant dans sa méthode, que dans ses résultats, à « un acte terroriste », selon l’Observatoire haïtien des droits humains (Ohdh). [nc emb rc apr 10/11/2017 13:00]