P-au-P, 08 nov. 2017 [AlterPresse] --- Le Centre œcuménique des droits humains met en garde contre les velléités du commissaire du gouvernement, près le tribunal civil de Port-au-Prince, Ocnam Clamé Daméus, de restreindre le champ d’intervention des organismes de défense des droits humains, notamment du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), en Haïti.
La demande de Daméus, invitant le Rnddh à lui communiquer le document portant ses statuts « en tant qu’organisme haïtien, engagé dans la défense des droits à travers le pays », constitue une tentative de retour en arrière sur la libre jouissance des droits et libertés, estime le Cedh, dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« La Constitution haïtienne reconnait aux citoyennes et citoyens le droit de se mettre en association, tout comme elle garantit la liberté d’expression. Les citoyennes et citoyens ont le droit de s’exprimer sans restriction aucune », rappelle le Cedh.
Pendant que la société se préoccupe d’un ensemble de questions pertinentes, qui semblent échapper à l’attention du parquet de Port-au-Prince, Ocnam Clamé Daméus aurait, plutôt, des motivations particulières, traduisant une volonté de restreindre la jouissance des droits et libertés à Port-au-Prince, relève le Cedh.
Tout en fustigeant l’excès de zèle du commissaire du gouvernement, près le tribunal civil de Port-au-Prince, l’organisme de promotion et de défense des droits humains invite le corps social à la vigilance, pour neutraliser toute tentative d’inquisition typique du fascisme.
« Bientôt, ça va être le tour des organisations de presse et de médias de produire les documents, qui les habilitent à donner la parole aux citoyennes et citoyens ? », craint l’organisme de défense des droits humains.
Dans une note, datée du 20 octobre 2017, Daméus avait demandé aux responsables de médias de mettre à disposition du parquet, sur sa réquisition expresse et dans des délais raisonnables, toutes images et tous enregistrements sur supports audio-visuels pertinents, relatifs à tous actes de banditisme et de violence, commis au cours des manifestations de rue tenues à la capitale, Port-au-Prince.
L’Association nationale des médias haïtiens (Anmh) et l’Association des journalistes haïtiens (Ajh) se sont immédiatement élevées contre la demande « totalement déplacée » du commissaire du gouvernement, près le tribunal civil de Port-au-Prince, qu’elles assimilent à des velléités de transformer les médias en « espions et indicateurs »...
La presse n’a pas pour mission de surveiller les citoyennes et citoyens pour l’État, ni de rapporter leurs faits et gestes aux autorités.
La demande du commissaire du gouvernement, près le tribunal civil de Port-au-Prince, Ocnam Clamé Daméus, faite au Rnddh, est également vue, par l’institution elle-même, comme une tentative d’intimidation. [la emb rc apr 08/11/2017 11:36]