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Haïti-R.D. : 28 migrants haïtiens, victimes de maltraitance, lors de leurs rapatriements

P-au-P, 24 oct. 2017 [AlterPresse] --- 28 migrantes et migrants haïtiens rapatriés, le 17 octobre 2017 à Carisal/Elias Piña (Plateau central), ont été victimes de mauvais traitements et d’abus d’autorité par des agents de la police dominicaine, rapporte la plateforme Groupe d’appui aux rapatries et réfugiés (Garr), dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse.

Ces ressortissants haïtiens, qui vivaient à Padre Las Casas, l’une des 10 municipalités de la province d’Azua, en République Dominicaine, déclarent avoir été arrêtés chez eux, dans la soirée du samedi 14 octobre 2017, par des agents de la police dominicaine de ladite municipalité.

Ces derniers auraient enfoncé les portes de leurs maisons pour les emmener de force, selon des témoignages.

La police dominicaine n’a donné aucune possibilité aux ressortissants de prendre leurs effets et même leurs vêtements. Victimes de bousculades de la part de deux agents, ces migrants ont été, ensuite, contraints de monter dans un bus pour être remis aux agents de l’immigration dominicaine.

Des agents dominicains de l’immigration auraient confisqué leurs téléphones portables et d’autres objets de valeur, qu’ils avaient en leur possession.

Une migrante haïtienne, qui venait de subir une césarienne, n’a pas été non plus épargnée par les opérations de rapatriement, réalisées en dehors du respect du Protocole d’accord signé entre les deux États de l’île d’Haïti le 2 décembre 1999.

Le mercredi 18 octobre 2017, elle a été reconduite au point frontalier Carisal/Elias Piña, en compagnie de son mari, tandis qu’elle devait faire un suivi médical. Elle a été gardée pendant une nuit en prison, le mardi 17 octobre 2017.

Les ressortissantes et ressortissants haïtiens ont également indiqué avoir été fouillés avant d’être emmenés dans un centre carcéral à Azua, où ils ont été gardés pendant 3 nuits sans nourriture et sans accès à des salles de bain.

Pourtant, des ressortissants dominicains préalablement arrêtés et gardés dans le même centre carcéral, ont eu un traitement différent, critiquent-ils.

Cette dénonciation a été faite par plusieurs de ces migrants, accueillis pieds nus, avec des vêtements sales et déchirés, par la plateforme Garr à Belladère (Plateau central).

En décembre 1999, un protocole d’accord fixant les conditions de rapatriement d’Haïtiens et Haïtiennes de la République Dominicaine vers Haïti a été signé entre les deux républiques partageant l’île d’Haïti.

Selon les clauses de ce document, aucun rapatriement ne peut être effectué de nuit, c’est-à -dire entre 18:00 et 8:00 heures, ainsi que le dimanche et les jours fériés. Il est aussi fait obligation à l’Etat dominicain de permettre aux rapatriés de récupérer leurs effets.

En vertu des instruments internationaux des droits humains, les personnes incarcérées ont aussi droit à la protection, rappelle la plateforme Garr, qui s’indigne du traitement inhumain, aux migrantes et migrants haïtiens. lors des opérations de rapatriement ç la frontière.

La plateforme Garr exhorte les autorités haïtiennes à exiger de l’Etat dominicain le respect des droits des ressortissantes et ressortissants haïtiens, dans les opérations de rapatriement.

Les autorités dominicaines ont procédé, du 8 au 10 mai 2017, au rapatriement de 236 ressortissants haïtiens au point frontalier de Carisal /Comendador (Elias Piña, l’une des 32 provinces de la République Dominicaine), dans la zone de Belladère.

Durant le mois de juillet 2017, à la frontière haitiano-dominicaine 8,312 migrantes et migrants haïtiens ont été rapatries, avait rapporté la plateforme Garr. [la emb rc apr 24/10/2017 12:20]