Actualisé à 13:00
P-au-P, 16 oct. 2017 [AlterPresse] --- La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) aurait fragilisé davantage la démocratie, après ses 13 années de présence dans le pays, selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.
Le parlement ne devrait accepter de signer aucun accord, pour autoriser la présence d’une nouvelle force onusienne en Haïti, souligne Guy Numa du Mouvement démocratique populaire (Modep).
« Nous sommes contre tout accord, qui viendrait autoriser l’implantation d’une nouvelle force d’occupation en Haïti », insiste le Modep, en référence à la nouvelle Mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti (Minujusth), dont les opérations débutent ce lundi 16 octobre 2017.
Aucune lumière n’est faite, jusqu’à date (octobre 2017), sur les 13 années de la Minustah, selon plusieurs observateurs.
La Minustah, dont l’objectif était de garantir la paix, d’établir un État de droit et la sécurité dans le pays, a échoué dans sa mission, estime le sénateur Antonio Chéramy, qui voit le départ de la Minustah comme une sortie « bien trop facile ».
En temps normal, il y aurait des procès pour dédommager les nombreuses victimes des casques bleus, pendant ces 13 années dans le pays, notamment les enfants sans père, qu’ils ont laissés derrière eux, regrette Chéramy, qui se dit contre tout autre retour de la Minustah sous d’autres formes dans le pays
Pour éviter la présence de nouvelles forces d’occupation d’Haïti, les Haïtiennes et Haïtiens doivent s’unir, afin d’éviter les conflits internes, prétexte parfait pour les ingérences, suggère Chéramy.
Le dimanche 15 octobre 2017 marque le départ définitif de la Minustah, après 13 ans de présence en Haïti.
Cette force militaire est donc remplacée par la Minujusth, dont les opérations commencent ce 16 octobre 2017.
Le mandat de la nouvelle mission, axé sur la justice, consiste à continuer l’appui à la Police nationale d’Haïti (Pnh), à renforcer l’état de droit et à poursuivre des interventions institutionnelles en matière de droits humains, y compris les questions de genre.
La cérémonie officielle de cessation des activités de la Minustah a eu lieu, à Port-au-Prince, le jeudi 5 octobre 2017.
La force onusienne, qui a complété son mandat le dimanche 15 octobre 2017, a invité les autorités nationales à saisir la fenêtre d’opportunité de la Minujusth, dans un communiqué de presse, en date du vendredi 13 octobre 2017.
La préservation des gains de la stabilité est d’abord la responsabilité des autorités haïtiennes, a souligné, le jeudi 12 octobre 2017, devant le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies (Rssg) et cheffe de la Minustah, la Trinitéenne Sandra Honoré.
Sandra Honoré a également salué les objectifs, qu’elle considère atteints, depuis la création de la Minustah, en juin 2004, en matière de la stabilisation et de la consolidation démocratique.
Il « appartient aux autorités et au peuple haïtien de se servir pleinement de la fenêtre d’opportunité, créée par les efforts de stabilisation de la dernière décennie, réalisés avec le soutien de la Minustah et d’autres partenaires internationaux ». dit-elle.
Le renforcement et l’établissement des institutions démocratiques sont essentiels pour consolider la stabilité politique. Un agenda de réforme doit reposer sur un dialogue, qui inclut les voix de tous les secteurs nationaux, y compris les partis politiques, la société civile et le secteur privé, soutient-elle.
Sandra Honoré appelle ces voix à être ouvertes au consensus politique, ce qui est vital pour tout processus de réforme.
Elle réitère l’engagement du système des Nations unies, auprès du peuple haïtien, à travers la Minujusth et les agences, fonds et programmes des Nations unies, pour le renforcement de l’État de droit, des droits humains et de la Pnh, ainsi que pour la réalisation des Objectifs de développement durable d’ici l’année 2030.
Sandra Honoré invite les autorités haïtiennes, toutes les actrices et tous les acteurs politiques, ainsi que la société civile, à pleinement saisir l’opportunité, qui se présente à travers la Minujusth, entres autres.
La Minustah a été installée en Haïti, en juin 2004, après la chute, le 29 février 2004, du président Jean-Bertrand Aristide, dans un contexte d’instabilités et de crises politiques.
La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti a été impliquée, durant son déploiement (juin 2004 - octobre 2017) sur le territoire haïtien, dans une série de scandales de violations de droits humains (mauvais traitements, bastonnades, etc.), d’agressions physiques et d’actes arbitraires sur des citoyennes et citoyens ainsi que des viols sur adolescentes et adolescents.
De surcroît, à date (octobre 2017), plus de 10 mille personnes sont mortes et 800 mille ont été infectées par le choléra, dont la souche a été amenée au pays, en octobre 2010 par les soldats népalais de la force onusienne, basés à Mirebalais (bas Plateau central). [rjl emb rc apr 16/10/2017 10:15]