P-au-P, 12 oct. 2017 [AlterPresse] --- Différents membres d’organisations sociales souhaitent une plus grande vulgarisation du travail de mémoire, en Haïti, autour du massacre, perpétré contre des milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens, en 1937, sur ordre du dictateur Rafael Leonidas Trujillo y Molina, en République Dominicaine, lors d’une conférence-débat, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse, le mercredi 11 octobre 2017.
Cette conférence internationale se tient, les mercredi 11 et jeudi 12 octobre 2017, à l’occasion du 80e anniversaire de ce massacre (octobre 1937-octobre 2017), en vue de « faire comprendre, aux générations présentes et futures, la portée et la signification de cet acte, à la fois horrible et humiliant », qu’a connu le peuple haïtien.
La semaine dernière, des organisations sociales haïtiennes ont conduit des activités de souvenir à Ouanaminthe (département du Nord-Est d’Haïti), sur la frontière commune avec Dajabon (République Dominicaine), sur la rivière de laquelle a été perpétré le massacre de milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens à partir du 2 octobre 1937.
D’ailleurs, la rivière frontalière porta le nom de « massacre » , en souvenir de cette tranche d’histoire tragique, a rappelé, la semaine dernière, la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr).
« 1937-2017, remémoration du 80e anniversaire des Haïtiens en République Dominicaine : histoire, mémoire et devoir de mémoire » est le thème, retenu pour cette activité, des 11 et 12 octobre 2017, organisée par le Centre Challenges, en partenariat avec C3 Éditions.
Haïti a très peu produit de réflexions et de documents sur ce massacre, commandité par le dictateur dominicain Raphaël Leonidas Trujillo y Molina et ayant fait plus de 20,000 victimes, regrette l’historien haïtien Watson Denis.
« Il y a beaucoup plus de journalistes, d’écrivains et d’historiens dominicains, qui ont produit sur ce thème que nous autres Haïtiens. En république voisine, tout un mois est accordé à cet épisode déterminant dans l’histoire des relation entretenue par les deux peuples de l’Ile ».
Watson Denis tient à souligner combien il est plus facile, en Haïti, de mettre sur pied un parti politique que de monter un centre de recherches.
La conférence de remémoration du 80eanniversaire du massacre de « persil » viserait à « inciter les actrices et acteurs de la société civile, et de l’État des deux pays, à prendre des dispositions, en vue d’éviter la reproduction de telles atrocités » et non à déterrer la hache de guerre, comme beaucoup seraient portés à le croire, justifie, pour sa part, l’anthropologue ha¨haïtienne Rachelle Charlier Doucet.
L’anthropologue Charlier Doucet plaide en faveur de la création d’un monument, en mémoire des victimes du massacre d’octobre 1937.
Expliquer le massacre, à la lumière de la politique, de l’économie, de la migration, de la culture et des capacités techniques et administratives des forces armées dominicaines par rapport à Haïti ; présenter des témoignages de quelques survivants et de leurs descendants, sont, entre autres, les objectifs poursuivis dans le cadre de cette conférence-débat, les 11 et 12 octobre 2017 à Port-au-Prince.
C’est également une occasion d’analyser le comportement des autorités et des intellectuels haïtiens avant, pendant et après ce génocide, surnommé « massacre du persil » (la masacre del perejil).
Les cadavres de nombreuses victimes du massacre ont été jetés dans des fosses communes.
80 ans plus tard, l’anti-haitianisme persiste, sur d’autres formes, notamment à travers l’adoption, en septembre 2013, par la Cour constitutionnelle dominicaine, de l’arrêt génocidaire TC-168-13, qui a enlevé la nationalité dominicaine à des milliers de Dominicaines et Dominicains, pour la plupart d’origine haïtienne.
Le tollé international, provoqué par l’arrêt TC 168-13 de septembre 2013, n’a pas pu contraindre le système dominicain à se rétracter.
Aujourd’hui encore, en 2017, des milliers de migrantes et migrants haïtiens sont non seulement victimes d’abus et de violations de droits humains, mais encore continuent d’être rapatriés, de force, par les autorités dominicaines, vers Haïti, généralement en violation des droits fondamentaux de la personne humaine. [rjl emb rc apr 12/10/2017 11:55]