P-au-P, 03 oct. 2017 [AlterPresse] --- Les médias et la société civile doivent mieux sensibiliser la population sur les droits humains, dans la perspective de combattre le phénomène de l’impunité en Haïti.
« Les médias et la société civile ont une alliance à faire, un combat à mener ensemble pour la sensibilisation des populations sur les droits humains et contre l’impunité dans la société », a soutenu le journaliste senior Gotson Pierre, lors d’un colloque international, déroulé à Port-au-Prince, du mercredi 27 au vendredi 29 septembre 2017.
Pour ce faire, certaines conditions fondamentales sont requises.
La société civile doit, par exemple, rendre accessibles les informations nécessaires, dans le cadre des investigations journalistiques, et favoriser le contact entre les victimes et les journalistes, en vue d’échanger sur les crimes qu’elles ont ou auraient subis, explique-t-il.
Les professionnelles et professionnels des médias, pour leur part, ont l’obligation d’opérer avec équité et honnêteté, tout en conservant leur autonomie, pour ne pas se laisser influencés par des groupes de pouvoir (financier, politique, religieux), poursuit-il.
En plus d’informer, de renseigner, de rassembler, d’orienter, d’alerter et de révéler, les médias se doivent, surtout, d’investiguer, afin de faire la lumière sur des phénomènes et faits frappants, rappelle Pierre.
Or, en Haïti, « il y a peu d’investigations, justement, parce que les médias sont à l’image du pays ».
Il faut inculquer aux journalistes une bonne connaissance des droits de la personne, en vue d’aborder les cas avec un regard critique et éclairé, encourage-t-il.
« L’éducation aux médias est le chemin, par lequel il faut passer pour contrer un certain nombre de dérives », souligne Gotson Pierre, insistant sur une meilleure vigilance citoyenne sur les médias et les informations diffusées.
Un fascisme rampant qui ne dit pas son nom... et la presse, dans sa grande majorité, est co-responsable
« La situation est grave en Haïti. (…) On est face à un fascisme rampant, qui ne dit pas son nom. Et la presse, dans sa grande majorité, est co-responsable de cette situation », a réagi la journaliste Liliane Pierre Paul, présente dans l’assistance.
Le colloque de trois jours visait à renforcer les synergies entre les actrices et acteurs, déterminer des stratégies contentieuses et de plaidoyer, pour lutter contre l’impunité des crimes du passé et sensibiliser aux différents mécanismes de justice transitionnelle.
Cette initiative a été organisée sous les auspices du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), de la Fédération internationale des ligues de droits humains (Fidh) et du Haut-commissariat aux droits humains des Nations unies (Hcdh), avec le soutien de l’Union européenne (Ue). [rjl emb gp apr 03/10/2017 15:45]