P-au-P, 28 sept. 2017 [AlterPresse] --- La plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) condamne les conditions, dans lesquelles les autorités dominicaines continuent de réaliser les opérations d’arrestation et de rapatriement de ressortissantes et ressortissants haïtiens à la frontière haitiano-dominicaine.
La plateforme Garr cite, en exemple, le cas d’un migrant haïtien, Jonel Jeanty, âgé de 28 ans, rapatrié blessé au point frontalier de Ouanaminthe/Dajabon (Nord-Est), dans la soirée du lundi 25 septembre 2017, après avoir été atteint d’une balle provenant d’une arme d’un militaire dominicain.
Originaire de l’île de la Gonâve (Ouest), le jeune migrant a été emmené à un centre hospitalier dominicain pour se faire soigner. Il a été ensuite gardé, pendant plusieurs jours, à un centre carcéral en République Dominicaine.
« Le ressortissant haïtien a été atteint, le 16 septembre 2017, d’une balle au pied gauche, tandis qu’il se trouvait en territoire dominicain. Cette agression a eu lieu à Hatillo Palma, une ville dominicaine de la province de Monte Cristi » (Ndlr : Nord-Est de la République Dominicaine), précise la plateforme Garr.
Les blessures de Jonel Jeanty ont été pansées, mais la balle n’a pas encore été enlevée de son corps.
En raison de sa situation critique, la victime, reconduite dans la soirée du lundi 25 septembre 2017, en Haïti, par des militaires dominicains, a passé la nuit, à la belle étoile, sur le pont frontalier de Ouanaminthe / Dajabon, tout en se plaignant de fortes douleurs ressenties, selon des témoignages.
Retrouvé dans un état inquiétant, la victime Jonel Jeanty est en train de se faire soigner à un centre hospitalier de cette commune frontalière, avec l’appui de la plateforme Garr et de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim).
La plateforme Garr exhorte les autorités haïtiennes à réclamer de l’État dominicain l’ouverture d’une enquête institutionnelle, en vue de punir les coupables..
Ce n’est pas la première fois que se produit ce type d’agression en territoire dominicain.
Avant Jonel Jeanty, le 16 septembre 2017, Zacharie, un ressortissant haïtien de 23 ans, avait reçu, le 24 juillet 2017, une balle au pied gauche, provenant d’une arme d’un autre militaire dominicain.
Ce dernier avait procédé brutalement à son arrestation, alors qu’il se trouvait chez lui, à Santo Domingo. Malgré ses blessures, Zacharie a été gardé au centre carcéral de Haina, où il a passé 5 nuits, en compagnie d’autres migrants haïtiens, avant d’être rapatrié à la frontière.
Depuis le déploiement, en juillet 2017, de plus d’un millier de militaires dominicains en renfort au Corps spécialisé de sécurité frontalière terrestre (Cesfront), 8,312 migrantes et migrants haïtiens ont été rapatriés, durant le même mois de juillet 2017, à la frontière haitiano-dominicaine, avait signalé la plateforme Garr dans une note de presse, en date du vendredi 4 août 2017.
Au mois de juin 2017, pas moins de 1,217 migrantes et migrants ont été rapatriés au niveau de Belladère / Comendador (Elias Piña, l’une des 32 provinces de la République Dominicaine), de Malpasse Malpaso (Jimani) et de Ouanaminthe /Dajabon.
Face à cette vague de rapatriements, la plateforme Garr avait, de nouveau, insisté sur la nécessité pour les autorités haïtiennes d’exiger du gouvernement dominicain, dans l’agenda des pourparlers binationaux, l’intégration de la question de violation des droits humains, « dont sont victimes, au quotidien, les migrantes et migrants haïtiens en territoire dominicain.
Dans differentes prises de position, depuis plusieurs années, la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés ne cesse point, y compris dans son rapport sur le rapatriement de migrants (blessés par balles en juin et juillet2017), d’appeler au respect du protocole d’accord du 2 décembre 1999, relatif aux mécanismes de rapatriement, signé entre Haïti et la République Dominicaine. [jep emb rc apr 28/09/2017 09:40]