P-au-P, 26 sept. 2017 [AlterPresse] --- Le directeur général de la compagnie publique Électricité d’Haïti (Ed’h), Hervé Pierre-Louis, a appelé à une reforme au sein de l’institution, lors d’une intervention à la clôture, le vendredi 22 septembre 2017, du Forum sur la compétitivité et l’investissement (Fci).
Selon un article du journal Le Nouvelliste, consulté par l’agence en ligne AlterPresse, Pierre-Louis a présenté les nombreuses difficultés, auxquelles fait face l’institution, tout en appelant le secteur privé à partager les risques, liés aux activités de l’Ed’h, qui se compose essentiellement de centrales thermiques et hydroélectriques.
Dans la foulée, il a également mis l’accent sur la nécessité d’une modernisation du réseau électrique et d’une restructuration du système de facturation et de lecture.
Tous les ans, plus de 200 millions de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 64.00 gourdes ; 1 euro = 80.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui), sur le compte des contribuables haïtiens, sont consacrés, par l’Edh, à la subvention.
« On ne subventionne pas la production de l’électricité, on subventionne les consommatrices et consommateurs », a soutenu, de son côté, Carl Auguste Boisson, directeur général d’E-power, intervenant au nom du secteur privé.
Le secteur privé fournit 60% de la production de l’électricité en Haïti. Le reste, les 40% sont à la charge de l’Ed’h, qui s’assure aussi de la transporter, la distribuer et de la commercialiser.
Boisson a appelé le secteur politique à prendre ses responsabilités, en vue de parvenir à des solutions durables pour le secteur de l’énergie en Haïti.
Les investisseurs ne seront pas rassurés, tant qu’il n’y aura pas de réforme au sein de l’Ed’h, considère-t-il.
Pierre-Louis estime qu’il est important que l’offre de courant public soit augmentée puis sécurisée, sans oublier de diversifier les technologies de production.
« Il faut des investissements majeurs dans l’écoulement de la puissance. Ce réseau actuel ne permet pas d’écouler toute la puissance qui manque », a-t-il fait remarquer.
Le taux de facturation de l’Ed’h a atteint 41% pour le mois de septembre 2017. Quant au taux de recouvrement, il est à 87%, pour environ 184 mille clientes et clients abonnés à Port-au-Prince.
Pour l’ensemble des villes de provinces avec une clientèle de 120 mille abonnés, le taux de facturation est de 29% pour le moment, et le taux de recouvrement de 68%.
Des 22% des ménages, connectés au réseau (réguliers et fraudeurs), seulement 12% sont des clientes et clients de l’Ed’h, a souligné le directeur général.
Ce qu’il faut, avant tout, « c’est une volonté politique claire, clairement exprimée et publiée formellement », a fait savoir, pour sa part René Jean Jumeau, le directeur exécutif de l’Institut haïtien de l’énergie.
Il déplore le fait qu’aucune politique énergétique n’ait jamais été publiée par aucun gouvernement du pays, demandant qu’il y ait une instance crédible, responsable du secteur en Haïti, comme c’est le cas dans la plupart des pays des Caraïbes et de l’Amérique.
Depuis quelques mois, le président Jovenel Moise ne cesse pas de réitérer ses promesse de doter le pays d’électricité publique 24h/24 dans un délai de 24 mois (soit au mois de mai 2019).
Selon son conseiller en Energie, Evenson Calixte, le plan pour y arriver a trois axes majeurs : la mise en place du réseau national qui interconnectera les différents départements, la mise en place des micro-réseaux intelligents, principalement des énergies renouvelables, et des programmes d’électrification hors réseau pour arriver à connecter les gens.
Kay pa m klere est un programme d’électrification rurale, à partir duquel Jovenel Moïse dit avoir commencé la réalisation de ce rêve.
Un mini-système solaire, avec une autonomie de 36 heures, sera installé dans chaque maison des sections communales et cela devrait permettre d’alimenter quatre ampoules électriques, de recharger un téléphone portable et un poste de radio. [rjl emb gp apr 26/09/2017 15 :45]