P-au-P, 15 sept. 2017 [AlterPresse] --- Le député Joseph Manès Louis (Lavalas, Cabaret) exhorte le président Jovenel Moïse à renoncer au budget 2017-2018 controversé pour éviter une défaite politique.
Le peuple sera victorieux face au pouvoir actuel au cas où Jovenel Moïse déciderait de piétiner ses revendications, avertit le parlementaire, invité à l’émission TiChèzBa, prévue pour être diffusée les samedi 16 et dimanche 17 septembre 2017 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).
Ce budget « criminel », d’un montant de 144 milliards de gourdes, qui augmente les taxes pour les couches les plus défavorisées et vulnérables ne prend pas en compte les intérêts supérieurs de la collectivité, critique-t-il.
Si ce document est publié tel qu’il est, la population, notamment les ouvriers du secteur textile, auront du fil à retordre pour payer les taxes imposées par le pouvoir.
« On ne peut introduire d’autres taxes tant qu’une loi ne le stipule. (…). Le chef du gouvernement dispose d’un pouvoir réglementaire (...) quand il n’y a pas de parlement. Mais, la loi fait interdiction d’augmenter les impôts, sans se référer à une loi parlementaire », explique-t-il.
« On ne peut pas demander au parlement de modifier des décrets dans une loi de finances », poursuit-il, citant plusieurs décrets affectés à ce niveau, notamment celui de l’impôt sur le revenu.
L’impôt forfaitaire minimum qui était de 5 mille gourdes est passé à 10 mille gourdes, soit le double, fustige-t-il.
Il dit répertorier près de 14 articles de la Constitution, « violés » à travers cette loi de finances.
Le budget doit être modifié et prévoir des fonds suffisants pour le fonctionnement du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) et des collectivités territoriales, plaide-t-il, saluant le fait cependant que ce budget national tend vers une approche d’autonomisation d’Haïti au niveau budgétaire.
Toutefois, l’État devrait combattre la corruption, la fraude et la contrebande pour augmenter les recettes afin de contribuer au développement du pays, au lieu d’augmenter illégalement les taxes au préjudice des plus pauvres, argue-t-il.
Il souligne aussi une situation de misère et de chômage dans le pays, alors que le gouvernement de Jack Guy Lafontant baigne, dit-il, dans la corruption, accentuée par un climat d’impunité.
Par ailleurs, Joseph Manès Louis indique que lui et plusieurs autres députés comme Bertrand Sinal (Port-Salut), Jean Rober Bossé (Aquin) Roger Milien (1re circonscription de Port-au- Prince) et Printemps Bélizaire (3e circonscription de Port-au-Prince) ont attaqué l’État en justice en vue de porter l’administration Moïse/Lafontant à faire retrait de la publication du projet de loi de finances 2017-2018, voté au parlement.
Cette démarche exercée contre la loi de finances 2017-2018 est légale et constitutionnelle, fait-il valoir.
« Nous avons été au tribunal des référés pour demander au juge de donner un sursis au président en ce qui concerne la promulgation du budget », indique-t-il.
Tout en condamnant les violences qui ont caractérisé les manifestations de rues, il exhorte les protestataires à maintenir le flambeau d’une mobilisation pacifique.
Il en profite également pour apporter son soutien au mouvement de grève annoncée pour le lundi 17 septembre 2017 par les syndicats de transport contre ce budget.
Après trois journées de manifestations organisées cette semaine, de nouvelles mobilisations sont annoncées, du mercredi 20 au samedi 23 septembre 2017, par plusieurs organisations socio-politiques dont la plateforme Pitit Dessalines, dans les rues de Port-au-Prince.
Un bilan de la manifestation du mardi 12 septembre 2017 fait état de 12 interpellations, de quatre véhicules incendiés et de deux personnes décédées.
La rencontre organisée le jeudi 14 septembre 2017, entre plusieurs partis politiques proches du pouvoir et le président Jovenel Moïse constitue une manœuvre politicienne pour tenter de les corrompre, met en garde le député Louis.
C’est une façon, selon lui, de désamorcer la mobilisation intensive enclenchée contre le budget controversé.
Selon l’ancien candidat à la présidence Clarens Renois, de l’Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir), cité par le journal Le Nouvelliste, plusieurs partis politiques ont exhorté l’Exécutif à faire attention à la loi de finances, votée au parlement, lors de cette réunion déroulée notamment sur le financement des partis politiques.
Louis appelle la population à élever la voix contre la corruption ainsi que les dérives de l’exécutif et du pouvoir législatif. [emb gp apr 15/09/2017 16:10]