P-au-P, 07 sept. 2017 [AlterPresse] --- A l’approche du puissant cyclone, de catégorie 5, Irma, dont les effets se font déjà sentir dans le Nord d"Haïti, il existe un fort risque d’augmentation abusive des prix des produits de première nécessité sur le marché national, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Cette hausse, qui pourrait être décidée par des agents économiques, devrait être préjudiciable aux couches défavorisées de la population, qui peinent déjà à se procurer des produits, même à leur prix en temps normal.
La demande augmente, l’offre diminue et cela augmente quasi-automatiquement les prix des produits. Même le dernier des détaillants a cet instinct économique, explique l’agroéconomiste Ralph Beauvoir, un responsable au sein de la Solidarité haïtienne pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle (Sohasan).
« L’agent économique réagit par rapport à l’offre et à la demande », fait-il remarquer.
C’est toute une chaîne. La fournisseuse / le fournisseur, qui augmente le prix de son produit, le fait parce que, lui aussi, à un moment de la durée, devra faire face à une montée des prix, quand il aura à s’approvisionner, poursuit-il.
« Pour éviter d’être perdant, il est obligé de faire de l’anticipation », soutient-il.
Que peut l’État face à cette tendance ?
Dans un système de marché libre et de concurrence, l’État n’intervient pas sur les prix, exception faite pour les produits pétroliers, confie à AlterPresse Dieuseul Lefèvre de la direction de commerce intérieur du Ministère du commerce et de l’industrie (Mci).
« L’État haïtien, étant signataire d’un certain nombre d’accords, ne peut malheureusement pas intervenir directement dans la planification des prix », dit-il.
Ce que l’État peut faire, en revanche, c’est sensibiliser les commerçants, leur expliquer qu’il n’est pas juste de profiter de telles situations pour tirer des profits, indique-t-il.
À l’instar des commerçantes et commerçants, les autorités et les instituons étatiques (chargées de la régulation des marchés) doivent être capables d’anticiper ces situations, mettre des balises, afin d’éviter qu’elles se produisent, encourage Beauvoir, plaidant pour la mise en œuvre de campagnes de sensibilisation sur la question.
« Il ne s’agit pas seulement d’empêcher la montée des prix, mais aussi de travailler pour qu’il y ait une certaine stabilité, pouvant permettre un stockage suffisant de produits pour empêcher l’inflation ».
Combattre les prix abusifs des produits, en période de crise liée aux catastrophes naturelles, n’est pas forcément le travail d’un président, d’un premier ministre ou d’un ministre. Les autorités locales ont, elles aussi, leur rôle à jouer pour mobiliser et sensibiliser les gens autour de la question. [rjl emb gp apr 07/09/2017 11:30]