P-au-P, 04 septembre 2017 [AlterPresse] --- Le suspens persiste autour de la tenue d’une séance prévue le mardi 5 septembre 2017 au sénat sur le projet de loi de finances 2017-2018.
Joint au téléphone par l’agence en ligne AlterPresse, le sénateur Antonio Chéramy, président de la commission affaires sociales, n’était pas en mesure de confirmer ni d’infirmer la tenue de cette séance.
Il y a encore des tractations en vue de la suppression de « taxes illégales » insérées dans ledit projet, confie-t-il, laconiquement.
Le samedi 2 septembre 2017, une rencontre s’est tenue entre les membres de la commission économie et finances du sénat et des représentants de la société civile haïtienne autour du projet de budget 2017-2018, d’un montant de 144 milliards de gourdes.
Depuis quelques semaines, le document fait l’objet de nombreuses polémiques à cause notamment d’un ensemble de dispositions jugées “contraires aux intérêts publics”, qui y sont contenues.
Il était question, pour les sénateurs, lors de la réunion, d’écouter leurs invités, de manière à prendre la meilleure décision concernant le vote du document, rapporte Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh).
Cet effort, quoique entrepris un peu tard, est salué par Espérance, qui regrette que les députés, avant de ratifier le projet, n’avaient pas opté pour une démarche similaire, qui aurait pu modifier le cours des choses (le budget a été voté le 9 août 2017 à la chambre basse).
Le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh) et le Rnddh, ont rendu publics, la semaine dernière, les résultats d’une étude titrée « le projet de la loi de finances 2017-2018 : beaucoup reste à faire ».
« La population, en particulier les couches réputées vulnérables, est doublement victime du projet de loi de finances 2017-2018 », relève l’étude.
Le Cardh et le Rnddh estiment que les autorités ont l’obligation "d’élaborer, d’adopter et d’exécuter des politiques publiques, ayant pour finalité d’améliorer progressivement la situation des couches vulnérables” d’Haïti.
Les deux institutions recommandent une meilleure redistribution des richesses et un équilibre social, au regard de la Constitution du pays, des choix économiques axés sur la production, une gestion rationnelle et équilibrée dans les allocations budgétaires.
Sont aussi préconisées une formation de base aux parlementaires haïtiens, afin qu’ils puissent être plus efficaces et prendre connaissance de leur pouvoir, en ce qui concerne la modification des projets de loi de finances, ainsi que plus de transparence dans le budget.
Dans cette optique, la transparence suppose un budget, accessible à la compréhension de la population et aux organismes de la société civile.
De plus, le Cardh et le Rnddh plaident pour la création d’un mécanisme, permettant à la société civile de pouvoir, pour le moins, donner son avis, dans la définition des priorités du budget.
Il faut qu’il y ait une augmentation de l’assiette fiscale, sans fragiliser davantage les couches vulnérables, et qu’on réaffecte certains fonds de la rubrique « interventions publiques », ainsi que la réduction ou la suppression de certaines sous-rubriques au profit des secteurs sociaux, suggèrent-ils.
De nombreuses organisations de la société civile et des parlementaires ont élevé la voix pour dénoncer le projet de loi de finances 2017-2018.
Un sit-in a même été organisé par le « Forum démocratique populaire » (Fodep), le jeudi 31 août 2017, en vue de le rejeter. [rjl emb gp apr 04/09/2017 16 :20]