Par Jean Elie Paul
P-au-P, 31 août 2017 [AlterPresse] --- Plusieurs dizaines de manifestantes et de manifestants ont organisé, ce jeudi 31 août 2017, un sit-in devant le parlement haïtien, en vue de dénoncer le projet de budget 2017-2018, évalué à 144 milliards de gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 64.00 gourdes ; 1 euro = 80.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui), a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Ils ont répondu à l’appel d’un nouveau regroupement d’organisations sociales, dénommé Forum démocratique populaire (Fodep).
Des agents du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo) ont maintenu, à distance de l’entrée principale de la barrière du parlement, les protestataires, dont la plupart étaient munis de pancartes et de banderoles.
« Nous dénonçons ce budget criminel, que des parlementaires veulent imposer au peuple. Nous n’acceptons pas ce budget inhumain, voté par ces parlementaires corrompus. Ces parlementaires sont à la solde d’hommes d’affaires », critique Kemlie Yanné, membre du Fodep.
Très hostiles aux parlementaires, les manifestantes et manifestants annoncent de nouvelles actions de mobilisation, au cas où ce projet de budget obtiendrait aussi l’aval du sénat.
Des agents du Cimo sont intervenus pour écarter, du chemin, l’un des manifestants, qui s’était même jeté devant un véhicule, au moment où ce dernier s’apprêtait à entrer sur la cour du parlement.
Le porte-parole général de Fodep, Gymps Lucien, pointe du doigt plusieurs responsables de l’État, notamment le président Jovenel Moïse, le premier ministre Jack Guy Lafontant ainsi que le président du sénat, Youri Latortue, qui fomenteraient un complot, pour en finir avec la classe paysanne en augmentant les taxes.
Le Fodep appelle la population à dénoncer tout sénateur, qui envisagerait de supporter le vote du projet de budget 2017 - 2018, qualifié de « criminel ».
Le Fodep entend lutter contre ce projet de budget, qui viserait, dit-il, à accabler davantage les masses populaires ainsi que les compatriotes, qui vivent en terre étrangère.
« Nous demandons aux sénateurs de retourner le projet de budget à l’exécutif. Le parlement, qui a environ 300 employés, s’octroie un budget évaluer à 7,2 milliards de gourdes, alors que le pays n’a même pas d’emplois », exige Me Asnel Alexandre, porte-parole du mouvement opozisyon kale je .
Le mouvement opozisyon kale je met en garde les responsables de l’État, qui continuent, selon lui, de jouer avec la fureur du peuple.
Un document a été déposé au parlement, demandant aux sénateurs de ne pas voter le projet de budget 2017 - 2018, dans les mêmes termes que la chambre des députés.
Ce projet de budget, présenté par le gouvernement, a été déposé, le jeudi 17 août 2017, au sénat de la république, après un vote favorable à la chambre des députés, dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 août 2017.
Plusieurs anomalies et incohérences, relevées dans le projet de budget 2017 - 2018
Le sénateur de l’Ouest, Jean Renel Sénatus, également ex-commissaire du gouvernement, a relevé plusieurs anomalies dans le projet de budget 2017-2018, en ce qui concerne, notamment, une taxe forfaitaire de 10 mille gourdes, qui devrait être prélevée sur toute personne faisant des transactions en Haïti, suivant l’article 17.
« L’article n’est pas clair : toute personne, sollicitant un permis de conduire, est obligée d’aller faire une déclaration définitive d’impôts. Or, une loi, datée de 2005, stipule que toute personne, ayant des revenus varaint entre une gourde et 60 mille gourdes, n’est pas assujettie à cette formalité », explique Sénatus.
Il dit relever d’autres incohérences, dans l’article 3, touchant les Contributions foncières des propriétés bâties (Cfpb), qui seraient susceptibles de créer une forme d’inégalité entre les citoyennes et citoyens par-devant la loi. [jep emb rc apr 31/08/2017 16:10]