P-au-P, 30 août. 2017 [AlterPresse] --- Soupçonné de « surfacturation », dans un dossier de kits scolaires, le titulaire du Ministère des affaires sociales et du travail (Mast) Roosevelt Bellevue, a été démis de ses fonctions gouvernementales.
En attendant, l’intérim au Mast est assuré par le premier ministre Jack Guy Lafontant, selon un arrêté, publié, le mardi 29 août 2017, au journal officiel de la république, « Le Moniteur », et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Bellevue est éclaboussé dans un scandale de « surfacturation » d’environ 50 mille kits scolaires, qui lui aurait permis, lui et un autre titulaire d’un ministère non encore identifié, d’empocher 950 mille dollars américains(Ndlr : US $ 1.00 = 64.00 gourdes ; 1 euro = 80.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui).
Interrogé dans la presse, Roosevelt Bellevue qualifie les accusations, portées contre sa personne, de « manœuvres politiciennes », visant à « ternir son image ». Bellevue met au défi quiconque de prouver qu’il aurait empoché 950 mille dollars américains ou procédé à une « surfacturation » de kits scolaires, devant être délivrés aux parents ouvriers défavorisés dans les usines de sous-traitance.
Il informe avoir planifié, au Mast, de donner des matériels de qualité et durables aux parents ouvriers défavorisés, pour leurs enfants, à l’occasion de la rentrée scolaire officielle du lundi 4 septembre 2017.
La « tolérance zéro » sera appliquée dans le cadre de ce dossier, promet Lucien Jura, l’un des porte-parole de la présidence, qui intervenait en conférence de presse le lundi 28 août 2017.
La présidence, qui n’a pas caché sa grogne, annonce l’ouverture d’une enquête sur cette affaire.
Lucien Jura invite la société haïtienne à suivre de près le cheminement du dossier.
Les procédures de passation de marché public sont connues.
« Il est facile de remonter jusqu’à la source […] la société doit se mettre en branle, afin de faire, de ce cas, un exemple dans la lutte contre la corruption », souhaite le coordonnateur général de l’Union des normaliennes et normaliens, éducatrices et éducateurs haïtiens (Unnoeh), Georges Wilbert Franck, joint au téléphone par AlterPresse.
Les Haïtiennes et Haïtiens se font complices, en acceptant cette situation comme « normale », critique l’Unnoeh, qui appelle la population à manifester sa colère contre l’impunité, qui règne dans la société.
« S’il est prouvé que des ministres ont détourné des moyens, qui auraient permis à des enfants d’aller à l’école, ceci serait pire que criminel. Ce serait l’avenir de toute une société, qu’ils auraient assassiné […] », estime l’Unnoeh.
« Plusieurs autorités de l’État essaient de traiter le dossier avec ménagement dans l’espace public […] malgré tous les privilèges que la société offre à ces officiels, ils continuent de profiter de leurs positions pour détourner les maigres ressources, visant à améliorer les conditions de vie des plus humbles […] ».
L’Unnoeh exhorte la population à se mobiliser pour exiger que les personnes, fautives dans ce dossier, aillent en prison, restituent l’argent détourné et paient des dommages et intérêts à la société.
Contactée par AlterPresse, l’une des porte-parole de la présidence, Tamara Orion, n’était pas encore en mesure de préciser si l’enquête annoncée va être conduite par la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca), ou une autre entité administrative. [am emb rc apr 30/08/2017 09:55]