P-au-P, 29 août 2017 [AlterPresse] --- Diverses organisations de la société civile continuent de réclamer justice pour le prêtre montfortain (catholique romain) Jean-Marie Vincent, assassiné, à l’âge de 48 ans, dans la soirée du 28 août 1994, à l’entrée de la résidence des Pères Montfortains à Port-au-Prince.
« Cela fait 23 ans (28 août 1994 - 28 août 2017), depuis que nous demandons justice pour ce crime. Aujourd’hui, nous ne comprenons pas pourquoi les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ne prennent pas leurs responsabilités, afin de faire la lumière sur cet assassinat et punir les criminels », écrivent ces organisations, dans un communiqué transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
Cette position est exprimée par la Fondation Jean-Marie Vincent, le Réseau des organisations de la zone de l’Ouest (Rozo), l’Asosyasyon militan alfa pou patisipasyon pèp la (Amapp) et.l’Union nationale des normaliennes et normaliens haïtiens (Unnoh).
Le dossier de l’assassinat du père Jean-Marie Vincent a été retiré des mains d’un juge d’instruction, en faveur d’un autre, au moment où il allait sortir son ordonnance, signalent ces organisations.
Quels sont les potentats dans l’État, qui n’ont pas intérêt à donner justice à la victime ?, se demandent-elles.
Les organisations disent plaider pour la fin du système d’impunité, qui règne en Haïti.
Ordonné prêtre le 8 janvier 1971, le père Jean-Marie Vincent a contribué, entre autres, à la formation des mouvements populaires et sociaux en Haïti, notamment la mise en place des gwoupman tèt ansanm (groupes communautaires de paysannes et paysans) et la constitution de mouvements paysans très solides dans le Nord-Ouest, comme Tèt ansanm, qui sera transformé plus tard en Tèt kole ti peyizan.
Il a échappé à plusieurs tentatives d’assassinats, de la part de grandon (grands propriétaires terriens du Nord-Ouest), en 1986 et 1987.
En revenant d’une célébration, organisée à Pont-Sondé (Bas Artibonite), à la mémoire des victimes du massacre de Jean-Rabel (département du Nord-Ouest) le 23 juillet 1987, Jean-Marie Vincent a eu un bras cassé et de graves blessures à la tête, à la suite d’un guet-apens militaire, perpétré le 23 août 1987 à Freycineau (à environ trois kilomètres au sud de Saint-Marc).
Jean-Marie Vincent a été d’un apport important, avec l’équipe missionnaire de Jean-Rabel (composée d’Haïtiennes et d’Haïtiens, ainsi que de ressortissantes et ressortissants étrangers) au relèvement des conditions paysannes dans cette municipalité du Nord-Ouest d’Haïti. Il a également œuvré, au Cap-Haïtien, dans la Caritas du Nord, une structure au sein de l’église catholique romaine tournée vers des actions plutôt sociales, à côyé des actions évangéliques.
Jean-Marie Vincent voulut également implanter des structures alternatives de financement, dans l’objectif de favoriser des investissements durables chez les communautés de base, en particulier paysannes.
Malheureusement, sa vision et son approche ne furent pas bien considérées par divers potentats...
Né le 21 octobre 1945, d’une famille de Baradères (département des Nippes, une partie du Sud-Ouest d’Haïti), Jean-Marie Vincent a été assassiné, à l’âge de 48 ans, par des hommes armés devant la maison des Pères Montfortains, à la rue Baussan à Port-au-Prince.
Ses funérailles ont été chantées, le 2 septembre 1994, à la Congrégation des Montfortains.
Comme beaucoup d’autres cas de violences, de crimes d’Etat et de massacres, perpétrés à partir de 1986 (après la chute de la dictature des Duvalier / François Duvalier 22 septembre 1957 - 21 avril 1971, Jean-Claude Duvalier 22 avril 1971 - 07 février1986) et non encore résolus par la justice, l’assassinat du prêtre catholique romain Jean-Marie Vincent, le 28 août 1994, reste un des dossiers emblématiques du règne d’impunité, qui sévit en Haïti. [emb rc apr 29/08/2017 12:30]