Español English French Kwéyol

Haiti : Saint-Marc se souvient du massacre de La Scierie

P-au-P., 11 Fev. 05 [AlterPresse] --- Ce 11 février ramène le premier anniversaire du massacre de La Scierie, localité de Saint-Marc (Nord), où des dizaines d’opposants à l’ancien Président Jean Bertrand Aristide ont été tués, deux semaines avant son depart le 29 février, selon des organismes de droits humains.

Cet anniversaire a été marqué par un ensemble d’activités dont une messe de requiem pour les victimes, un sit-in et des conférences-débats. Les cérémonies commémoratives ont eu lieu en présence d’une assistance nombreuse composée entre autres de proches des victimes, de responsables de droits humains et du vice-délégué du Bas Artibonite, Jean Rony Dumelsaint.

Selon des organisations haïtiennes de droits humains, le carnage s’était soldé par des dizaines de morts et une soixantaine de maisons incendiées. Ce massacre constituait le point culminant de la répression orchestrée par le régime de l’ancien président Jean Bertrand Aristide contre la ville de Saint Marc réputée bastion de la résistance contre le pouvoir lavalas. Cette répression gouvernementale ciblait notamment le Rassemblement des militants conséquents de la commune de Saint Marc (RAMICOCS).

Sept personnes ont déjà été arrêtées en relation avec le massacre de La
Scierie. Parmi ces personnes figurent l’ancien Premier ministre Yvon
Neptune, l’ancien ministre de l’Intérieur Jocelerme Privert et l’ancien
député contesté Amanus Mayette.

Neptune et Privert ont effectué deux recours en cassation pour récuser la
compétence du tribunal de Saint Marc pour entendre cette affaire. La Cour de
cassation a rejeté la requête de l’ancien Premier ministre lavalas, mais ne
s’est pas encore prononcée sur celle de Jocelerme Privert.

Par ailleurs, au moins une vingtaine de personnes ont déposé des plaintes
formelles auprès du Cabinet d’instruction de Saint Marc. Ces plaignants ont
déjà été entendus par le juge d’instruction ainsi qu’une trentaine de
témoins.

L’un des avocats des victimes, Samuel Madistin, déplore l’indifférence du
gouvernement intérimaire par rapport à ce dossier. « Le tribunal de Saint
Marc qui a été saccagé lors des événements de février 2004 demeure très mal
loti. Le juge chargé de l’instruction de l’affaire, Cluny Pierre Jules n’a
même pas de machine à écrire. Il ne dispose pas non plus de moyens
logistiques pour faire son travail », déplore l’ancien sénateur Samuel
Madistin joint au téléphone par AlterPresse à Saint Marc où il prenait part
aux cérémonies commémoratives du carnage. [vs gp apr 2/11/2005 16:55]