P-au-P, 24 août 2017 [AlterPresse] --- Environ 300 migrantes et migrants haïtiens ont fui la ville de Neyba (capitale de la province de Bahoruco / Sud de la République Dominicaine), vers la frontière Malpasse/Malpasso (Jimani), par peur de représailles de la part des Dominicains, rapporte la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr).
Les migrantes et migrants haïtiens ont laissé Neyba dans la panique, dans la nuit du lundi 21 août 2017, en direction d’Haïti, indique la plateforme Garr, dans une note en date du mercredi 23 août 2017, transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
D’autres se sont réfugiés dans des casernes militaires, avant d’être amenés, dans la matinée du 22 août 2017, à la frontière de Malpasse/Malpasso, par les autorités dominicaines.
Cette situation de tension fait suite à la découverte, le 21 août 2017, du corps sans vie d’un fermier dominicain de 65 ans, dénommé Juancito Vallejo Montero Beltré, à Majagual Cenizo, zone de café dans la section El Aguacate.
Montero Beltré résidait dans le quartier de Savica, à Neyba.
En représailles à ce qui apparaît comme un meurtre, un migrant haïtien de 20 ans, du nom de Jean Pierre, a été assassiné, à coups de couteau dans la poitrine, le 21 août 2017, à quelques mètres du corps sans vie de Montero Beltré.
Les cadavres du fermier dominicain Vallejo Montero Beltré et du migrant haïtien Jean Pierre ont été levés, suite au constat du procureur adjoint Erasmo Diaz, chargé des crimes au niveau de la police de Neyba.
Un proche du fermier dominicain serait suspecté dans la mort de ce migrant.
48 personnes, dont 17 femmes, 7 hommes et 24 enfants, retournées en Haïti, ont été accueillies par la plateforme Garr, dans l’après-midi du mardi 22 août 2017.
Elles ont passé la nuit dans les locaux de l’institution à Fonds Bayard, localité de Ganthier (Ouest d’Haïti), alors que des dizaines d’autres ont été hébergées par des partenaires de l’institution.
Visiblement affaiblis par le trajet, les ressortissantes et ressortissants haïtiens déclarent avoir eu peur de se faire attaquer, par des civils dominicains, qui auraient voulu se venger de l’assassinat du fermier dominicain, dont le corps sans vie a été retrouvé, dans un sac, par les autorités policières de Néyba.
« Des informations circulaient dans notre quartier, faisant croire que des civils dominicains, armés de machettes et de couteaux, viendraient nous tuer. Je me suis échappée avec mes trois enfants, afin de sauver notre peau », a expliqué une mère, allaitante d’un nourrisson d’environ trois mois .
Des déplacements massifs de migrantes et migrants haïtiens, provenant du territoire dominicain, ont été également observés, ces derniers jours, au point frontalier de Cornillon/Grand-Bois (département de l’Ouest d’Haïti). Des voies, non officielles, permettraient d’atteindre Neyba, en passant par Cornillon/Grand-Bois, selon différentes sources.
« Ces événements, entraînant la chasse aux migrantes et migrants haïtiens, arrivent souvent dans plusieurs villes de la République Dominicaine. Les plus récents ont été enregistrés à Neyba en 2013 et à Moca en 2014 ».
Tout en condamnant l’assassinat de ces deux personnes, la plateforme Garr appelle les autorités dominicaines à poursuivre les enquêtes, en vue de faire la lumière sur ces meurtres et d’identifier les coupables.
Elle exhorte également les autorités haïtiennes à prendre rapidement contact avec le gouvernement dominicain, pour des mesures visant à protéger la communauté haïtienne résidant à Neyba.
8,312 migrantes et migrants haïtiens ont été rapatries, durant le mois de juillet 2017, à la frontière haitiano-dominicaine, avait indiqué la plate forme Groupe d’appui aux rapatriées et réfugiés (Garr), organisme de défense des droits des migrantes et migrants, citant des données du directeur général du corps spécialisé de sécurité frontalière (Cesfront), Sugar Puttzi Frugis Martinez, qui intervenait dans la presse dominicaine.
1,217 ont été rapatriés, au cours du mois de juin 2017, au niveau de Belladère / Comendador (Elias Piña, l’une des 32 provinces de la République Dominicaine), de Malpasse Malpaso (Jimani) et de Ouanaminthe /Dajabon. [bd emb rc apr 24/08/2017 12:40]