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Économie : Le projet de budget 2017-2018, inapproprié aux défis socio-économiques d’Haïti, selon la Pohdh

Des « montants exorbitants et disproportionnés », que s’attribuent la présidence et le parlement...

« Le fardeau de cette pression - pour ne pas dire répression fiscale - sera porté, de manière disproportionnée, par les couches défavorisées de la population haïtienne, qui vivent déjà dans une situation de précarité socio-économique extrême ».

« La part de budget, accordé au parlement haïtien - 7.20 milliards de gourdes, soit 5% du projet de budget national - est supérieure à la part de budget, accordé au système de santé publique, sur lequel dépendent plus de 10 millions d’Haïtiennes et d’Haïtiens pour leurs soins médicaux ».

La présidence s’octroie une allocation budgétaire (1.61 milliards, soit 1.1% du projet de budget), supérieure à celle du pouvoir judiciaire (1.12 milliards, soit 0.8% du projet de budget), quasiment paralysé aujourd’hui en Haïti.

P-au-P, 24 août 2017 [AlterPresse] --- Le projet de budget 2017-2018, évalué à 144 milliards de gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 64.00 gourdes ; 1 euro = 79.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui), ne répond nullement aux défis socio-économiques en Haïti, estime la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh), dans une note, transmise à l’agence en ligne AlterPresse.

La part de budget (33,31 milliards de gourdes, soit 23.1% du projet de budget national), attribué au secteur social, reste largement insuffisante, pour ramener, sur la bonne voie, l’ensemble des institutions du secteur social, telles que les écoles, les hôpitaux publics.

Ces institutions se trouvent actuellement, sans exception, dans une situation de crise perpétuelle, relève la Pohdh.

Présenté par l’administration du président Jovenel Moïse et du premier ministre Jack Guy Lafontant, le projet de budget a été déposé, le jeudi 17 août 2017, au sénat de la république, après un vote favorable à la chambre des députés, dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 août 2017.

La Pohdh dénonce, dans ce projet de loi de finances 2017-2018, l’allocation « de montants exorbitants et disproportionnés », que s’attribuent la présidence et le parlement.

« La part de budget, accordé au parlement haïtien - 7.20 milliards de gourdes, soit 5% du projet de budget national - est supérieure à la part de budget, accordé au système de santé publique, sur lequel dépendent plus de 10 millions d’Haïtiennes et d’Haïtiens pour leurs soins médicaux ».

De la même manière, la présidence s’octroie une allocation budgétaire (1.61 milliards, soit 1.1% du budget), supérieure à celle du pouvoir judiciaire (1.12 milliards, soit 0.8% du budget), quasiment paralysé aujourd’hui en Haïti.

La Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains condamne la stratégie, choisie par l’administration Moïse-Lafontant, pour alimenter les recettes fiscales, par une augmentation exorbitante des taxes, droits et impôts, sur des documents essentiels, tels que les livrets de passeport, la matricule fiscale, le permis de conduire et autres documents, dont tout un chacun a besoin.

« Le fardeau de cette pression - pour ne pas dire répression fiscale - sera porté, de manière disproportionnée, par les couches défavorisées de la population haïtienne, qui vivent déjà dans une situation de précarité socio-économique extrême ».

« Cette répression fiscale vient à un moment, où les ouvrières et ouvriers se battent en vain, pour exiger un salaire de base, plus ou moins décent et digne, leur permettant de répondre à leurs besoins quotidiens, dans un contexte d’inflation des prix des produits de première nécessité hors contrôle »

Ce budget national ne reflète aucun engagement réel, en termes de lutte contre la corruption et l’impunité, fustige-t-elle.

Une porte ouverte à la corruption et au gaspillage de fonds publics, c’est l’insertion, dans le projet de budget national, d’un poste budgétaire dénommé « autres interventions publiques », à hauteur de 25.32 milliards de gourdes (soit 17.56% du projet de budget national), dont l’objet est complètement obscur, s’indigne la Pohdh.

Elle recommande aux sénateurs « d’exiger de l’exécutif l’élaboration d’un budget équilibré, transparent et axé sur des résultats, qui reflète un engagement réel vers une meilleure jouissance, par la population haïtienne, de ses droits fondamentaux ».

La Pohdh appelle à la vigilance de la population contre une éventuelle approbation et mise en œuvre, de ce projet de budget national, en faveur de l’équipe au pouvoir et des élites économiques, au détriment des intérêts de la population haïtienne.

La Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains exhorte aussi les institutions concernées à prendre toutes les mesures nécessaires, pour combattre l’évasion fiscale et la corruption.

Le projet de budget 2017-2018 reflète l’hyperconcentration d’actions autour de la personne d’un président, avait dénoncé la Plateforme de plaidoyer pour un development alternatif (Papda). [bd emb rc apr 24/08/2017 10:35]