P-au-P., 10 févr.-05, [AlterPresse] --- L’institution d’encadrement ouvrier Batay Ouvriye (Lutte Ouvrière) a salué ce 10 février la signature 5 jours plus tôt d’un accord entre les patrons de la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI) et le syndicat de travailleurs de la zone franche de Ouanaminthe (Nord-est) SOKOWA.
Lors d’une conférence de presse, Yannick Etienne de Batay Ouvriye a considéré la signature de l’accord, à l’issue de 8 mois de conflit, comme une première dans l’histoire du mouvement syndical haïtien. Cet accord représente un « grand pas » dans le conflit qui oppose depuis juin 2004 les ouvriers et les patrons de la CODEVI, a souligné Etienne.
A présent, « la lutte va être plus tenace », a-t-elle prévenu, afin de faire respecter les différents points de l’accord du 5 février. Le document prévoit, entre autres, la réintégration de 150 ouvriers révoqués, la reconnaissance de la liberté syndicale, le respect des droits humains des travailleurs, la création d’un comité paritaire entre les deux parties et la mise en place d’un fond de solidarité pour venir en aide aux ouvriers révoqués.
Yannick Etienne a invité le SOKOWA à la vigilance. « Il faut veiller à ce que la CODEVI respecte tous les articles contenus dans le protocole », a lancé la dirigeante de Batay Ouvriye.
Au-delà du SOKOWA, Yannick Etienne pense que l’expérience doit servir d’exemple à tout le mouvement syndical haïtien. Elle a encouragé les autres syndicats du pays à s’approprier du modèle de SOKOWA afin de faire valoir leurs droits dans les espaces de travail.
Le Secrétaire Exécutif de la Plateforme des Organismes Haïtiens de Défense des Droits Humains (POHDH), Jhon Picard Byron, qui a assisté aux négociations, a parlé d’ « accord historique » entre les deux protagonistes de la zone franche de Ouanaminthe.
Byron s’est adressé à « ceux (les entrepreneurs) qui prônent à longueur de journée dans les médias haïtiens un nouveau contrat social », les invitant à signer « un autre contrat social » avec les ouvriers de leurs industries.
« Le contrat social doit prendre des formes concrètes, et ne doit pas avoir seulement une visée politique », a précisé le Secrétaire Exécutif de la POHDH. « Il faut que les gens qui le préconisent, commencent par reconnaître les droits des uns et des autres à l’intérieur de ce processus social et dans tous les domaines », a-t-il ajouté. [fl gp apr 11/02/2005 13:50]