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Haïti-Économie : Un projet de budget, reflétant l’hyperconcentration d’actions autour de la personne d’un président…, dénonce la Papda

Les députés n’y voient aucun inconvénient…

La Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) exprime de vives préoccupations par rapport au projet de loi de finances 2017-2018, particulièrement en ce qui a trait à une rubrique dénommée « autres administrations », approuvée à la chambre des députés à l’aube du mercredi 9 août 2017.

Le projet de budget 2017-2018 a obtenu un vote favorable de 74 députés, 0 voix contre et 6 abstentions, lors d’une séance houleuse, déroulée dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 août 2017.

Après ce premier vote favorable au projet gouvernemental de loi de finances 2017-2018, quelle sera la position des sénateurs ? Iront-ils dans le même sens des députés, pour un processus de renforcement des injustices sociales, de la paupérisation, du sous-développement et de la précarité chez les communautés, au profit de privilèges à des potentats en Haïti ?

P-au-P, 10 août 2017 [AlterPresse] --- Augmentation inconsidérée de taxes, caisse occulte (possibilité d’utilisation des fonds publics à des actions non budgétisées, comme pour des campagnes électorales), hyperconcentration des actions envisagées (pour quels résultats concrets ?) à Port-au-Prince, absence de transparence, déséquilibre flagrant en ce qui concerne les collectivités territoriales, mépris vis-à-vis du rôle du système judiciaire, de l’importance de l’éducation, des responsabilités à assumer par l’université d’Etat d’Haïti, un environnement qui continue d’être négligé malgré sa dégradation accélérée, aucun investissement pertinent dans les logements sociaux…

Telles sont les orientations globales, que voudraient imposer 74 députés à la république d’Haïti, avec le vote-marathon, effectué, dans la nuit du mardi 8 au mercredi 9 août 2017, autour du projet de loi de finances ou projet de budget pour l’exercice fiscal 2017 – 2018.

« Ce qui montre que nous sommes encore dans la logique de l’État hyper-concentré autour de la capitale Port-au-Prince, de l’exécutif et de la personne du président de la république » (ce qui rappelle les périodes de dictature ?), analyse la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda).

Près de 92% des crédits budgétaires sont alloués à l’exécutif, alors que le pouvoir judiciaire avoisine seulement 0.8%.

Les choix de l’administration politique en place (deuxième version du régime tèt kale) ne semblent pas plaider en faveur d’un effort, au niveau du budget central, pour permettre à l’appareil judiciaire de sortir de la « tradition de perte de confiance et d’illégitimité caractérisées », relève la Papda.

Une « aberration totale », les crédits, alloués à l’Université d’État d’Haïti (Ueh), soit environ 1,5 milliards de gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 64.00 gourdes ; 1 euro = 79.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui) pour plus de 25 mille étudiantes et étudiants, sont totalement inférieurs à ceux réservés au bureau de la présidence, fustige l’économiste Camille Chalmers, également directeur exécutif de la Papda, en conférence de presse, ce jeudi 10 août 2017, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

17.6% de crédits budgétaires sont alloués à la rubrique « autres administrations (caisse occulte) ». Ce qui constitue le premier poste du projet de budget 2017 – 2018, alors que 15.7% de crédits sont réservés au Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp).

Malgré un niveau accéléré, dans la dégradation de l’environnement, à l’échelle nationale (Ndlr : chaque fois qu’il pleut, comme mardi soir 8 août 2017 – au moment où les députés planchaient sur le projet de budget -, beaucoup de rues, dans la capitale, sont transformées en rivières), seulement 757 millions de gourdes, soit 0.5% du projet de budget, sont attribuées au Ministère de l’environnement (Mde), critique la Papda.

Le projet de budget 2017 – 2018 ne considère pas les réalités cruciales de logements. Aucun investissement important sur la question des logements sociaux n’est enregistré dans ce projet de loi de finances.

Environ deux semaines avant le vote favorable, du projet de budget 2017 – 2018, à la chambre des députés, la Plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh) y avait relevé une absence de justice sociale ...

Les collectivités territoriales ignorées dans le projet de budget 2017 – 2018

Alors que la Constitution de 1987 préconise des discussions, d’abord dans les collectivités territoriales, autour du budget de la république, il y a « beaucoup de déséquilibre, dans le projet de budget 2017 – 2018, sur le plan territorial ».

Considérant les dégâts considérables sur le plan social, économique et environnemental, causés, en octobre 2017, par le passage du cyclone Matthew en Haïti, notamment dans les départements du Sud, de la Grande Anse et des Nippes (Sud-Ouest), « il est inacceptable qu’il n’y ait aucune allocation de crédits budgétaires importants en faveur des zones frappées par ledit ouragan », se désole la Papda.

Sous-développement et précarité encouragés, avec ce projet de budget 2017 – 2018, considère l’économiste Etzer Emile

« Le secteur social est fondamental en termes d’amélioration des conditions de vie, de santé, d’éducation, entre autres. Donc, ne pas avoir un budget suffisant pour ce secteur nous condamne à rester dans ce niveau du sous-développement et de précarité », prévient, pour sa part, l’économiste Etzer Emile, interrogé par AlterPresse.

L’économiste Emile exhorte l’État à créer beaucoup plus de richesses, pour des ressources plus importantes, afin d’arriver à des investissements à grand impact dans le secteur social en Haïti. [jd emb rc apr 10/08/2017 14:40]