P-au-P, 10 août 2017 [AlterPresse] --- Un congrès national se tient, du vendredi 11 au lundi 14 août 2017, en vue de marquer le 226e anniversaire de la cérémonie de Bwa Kay Imam (Bois Caïman).
C’est ce qu’indique à AlterPresse, la chanteuse Carole Demesmin, la présidente de l’association Lakou Vodou Otantik Inifye pou yon lòt edikasyon (Association Lakou Vodou unifié pour une autre éducation).
Il faut un grand combat pour la reconquête de l’identité haïtienne. D’où l’organisation de ce troisième congrès national, à (Bwa Kay Imam), à Morne Rouge (Nord d’Haïti), estime Lakou Vodou Otantik Inifye pou yon lòt edikasyon.
La cérémonie du 14 août 1791 a symbolisé le point de départ de la véritable résistance anti esclavagiste, anti ségrégationniste et anti-raciste, qui occasionna la bataille de Vertières, le 18 novembre 1803 et l’avènement de l’indépendance haïtienne, le 1er janvier 1804.
L’association Lakou Vodou Otantik Inifye pou yon lòt edikasyon considère l’événement du 14 août 1701 comme étant le premier grand Congrès national, qui eut lieu, pas seulement contre l’esclavagisme, mais aussi pour le respect, la promotion et la défense des droits humains.
« (Bwa Kay Imam) ne devrait pas être vu comme étant quelque chose, qui projette une image diabolique, comme on chercherait à le vendre depuis l’indépendance. Ceci est une aberration, qui contribue à faire des Haïtiennes et Haïtiens un autre peuple », met en garde Carole Demesmin.
En Haïti, les gens célèbrent et commémorent la fête de nombreux “Saints” (catholiques romains) et autres, tout en négligeant, cependant, des événements importants, ayant une haute valeur historique et culturelle, comme (Bwa Kay Imam).
Cet événement devrait être une tranche d’histoire d’Haïti, à travers laquelle l’Haïtienne / l’Haïtien pourrait chercher et trouver son identité, souhaite-t-elle.
« Beaucoup d’Haïtiennes et d’Haïtiens ne savent même pas ce que représente ou même ce que veut dire le 14 août (1791) », regrette-t-elle.
« Pourquoi est-ce que l’habitation (Bwa Kay Imam) n’a pas de monuments, un symbole national, où des gens du monde entier peuvent venir visiter et découvrir Haïti, et se découvrir » ?
L’Haïtienne / l’Haïtien est en train de perdre sa mémoire de peuple pour devenir quelqu’un d’autre, différent de lui-même, fait-elle remarquer.
Elle invite l’État haïtien à prendre des mesures nécessaires pour renforcer le système éducatif, en vue d’une meilleure construction de l’Haïtienne et de l’Haïtien.
Son grand souhait est de voir le 14 août devenir une date nationale, intégrée dans le calendrier des fêtes nationales d’Haïti, comme le font les autres pays, afin de mieux construire la citoyenneté.
L’association Lakou Vodou Otantik Inifye pou yon lòt edikasyon exhorte la population, en général, et le secteur vodou, en particulier, à participer à cette troisième édition du Congrès et à se battre pour faire valoir leurs propres repères identitaires.
« Nous luttons pour que cette date historique soit reconnue par l’État haïtien comme une fête nationale », soutient Demesmin.
Le Congrès national sera animé par de nombreux conférenciers, du 11 au 13 août 2017, autour du thème : « À la recherche de notre identité ».
Une célébration spirituelle aura lieu, dans la soirée du dimanche 13 août 2017, avec « nos ancêtres ».
Le lundi 14 août 2017, une grande cérémonie est prévue avec beaucoup d’autres sosyete (Ndlr : unités structurelles au sein du vodou en Haïti) du pays, notamment celles du Nord ».
La cérémonie du (Bwa Kay Imam) fut un rassemblement d’esclaves, organisé sous le leadership de Dutty Boukman, dans la nuit du 14 août 1791.
Pendant cette soirée, d’après l’histoire, un porc a été sacrifié et son sang fut bu par les participantes et participants, qui devinrent, plus tard, intrépides et se soulevèrent contre les blancs colonisateurs français.
Cette cérémonie représente, pour les Haïtiennes et Haïtiens, la première grande pierre de construction de la lutte révolutionnaire contre l’esclavage.
La dernière édition du congrès national autour de (Bwa Kay Imam), qui a eu lieu en 2016, à Jacmel, était clôturée par un pèlerinage jusqu’à (Bwa Kay Imam), « où nous avons planté un mapou », rappelle Carole Demesmin. [apr 10/08/2017 11:15]