P-au-P, 09 août 2017 [AlterPresse] --- La visite de deux ministres haïtiens à Montréal (Canada) a suscité des controverses ainsi que des inquiétudes chez des avocats spécialisés en droit de l’immigration, selon un article publié sur le site du quotidien canadien « Le Devoir » et consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
Accueillis par le maire de la ville de Montréal, Denis Coderre, le titulaire du Ministère haïtien des affaires étrangères et des cultes (Maec), Antonio Rodrigue, ainsi que sa collègue du Ministère des Haïtiens vivant à l’étranger (Mhave), Stéphanie Auguste, ont entamé, le mardi 8 août 2017, une visite d’évaluation de la situation de compatriotes haïtiens à Montréal.
Depuis quelques semaines, des familles haïtiennes fuient le territoire américain pour se réfugier au Canada, par crainte d’être expulsées des États-Unis d’Amérique, à environ cinq mois de la fin du Statut de protection temporaire (Tps), qui devrait expirer au mois de janvier 2018.
Pour formuler une demande d’asile, les milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens, qui ont traversé la frontière américaine, pour entrer au Canada, disent redouter la « persécution » ou être en « danger »s’ils devaient repartir vers leur pays d’origine.
Me Marie-Andrée Fogg, avocate à l’aide juridique de Montréal et de Laval, spécialiste du droit à l’immigration souligne combien « c’est contradictoire et inquiétant de tolérer la présence de membres du gouvernement d’Haïti », parce qu’un dossier de demandeur d’asile est quelque chose de confidentiel.
« Nous ne pouvons pas vouloir protéger des réfugiés et les mettre en contact avec les autorités du pays qu’ils fuient », critique, pour sa part, l’avocat Stéphane Handfield, également spécialisé en droit à l’immigration.
L’arrivée d’une délégation haïtienne dans la métropole de Montréal pourrait faire basculer le processus de ces demandeuses et demandeurs d’asile, dont près d’un millier sont hébergés temporairement au Stade olympique de Montréal.
Les centres d’hébergement pour les demandeuses et demandeurs d’asile, qui affluent à la frontière canado-américaine, se désengorgeront sous peu, indique la ministre de l’Immigration du Québec, Kathleen Weil.
« Nous sommes venus apporter notre appui et notre solidarité […] Nous avons été envoyés par le gouvernement d’Haïti, pour pouvoir évaluer la situation, rencontrer les gens et apporter un soutien moral », a fait savoir le chancelier haïtien Antonio Rodrigue.
« S’il y a des gens qui ne seront pas acceptés au Canada, Haïti les recevra avec ses moyens », a-t-il soutenu. [jep emb rc apr 09/08/2017 11:30]