Par Jean Élie Paul, envoyé spécial
Caracol (Haïti), 03 août 2017 [AlterPresse] --- Des marais salants, situés dans la municipalité de Caracol (Nord-Est d’Haïti), seraient privés d’entretien (maintenance), selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.
Interrogés par AlterPresse, lors du « Rallye frontière libre 2017 », réalisé du vendredi 28 au dimanche 30 juillet 2017, sur la ligne frontalière entre Haïti et la République Dominicaine, plusieurs habitantes et habitants déplorent la dégradation des bassins de conditionnement, servant à produire du sel dans la zone.
Des détritus et matières fécales sont jetés dans l’espace, où se trouvent plusieurs bassins de conservation du sel, pointe du doigt le principal promoteur du « Rallye frontière libre 2017 », le journaliste et entrepreneur Ives-Marie Chanel.
Le Parc industriel à Caracol a cessé d’acheter du sel des commerçantes et commerçants, après y avoir trouvé des matières fécales, rapporte-t-il.
Les autorités devraient aider les commerçantes et commerçants dans le processus d’exploitation, « de façon plus moderne », du sel, dans l’objectif d’induire des revenus à la communauté de Caracol, encourage Chanel. .
Dans le Parc industriel à Caracol, des millions de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 64.00 gourdes ; 1 euro = 79.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui) sont dépensés, alors que, dans les zones environnantes, rien n’a été fait pour améliorer les conditions déplorables de vie de la population.
Il est nécessaire de gérer les déchets dans cet espace de marais salants, notamment aux alentours des bassins de conditionnement du sel.
Les mois de juillet, août et septembre 2017 sont consacrés à la construction des entrepôts et à la récolte du sel.
« (…), les immondices s’accumulent, les insectes prolifèrent, les eaux de surface sont contaminées et la population recourt, sans discernement, au brûlage. Les matières en plastique, soumises à ce traitement, provoquent des émanations de gaz toxiques, qui affectent la santé des personnes et des animaux ainsi que l’environnement », lit-on dans un document du Plan d’action départemental pour l’environnement et le développement durable du Nord-Est.
On assiste à un spectacle effroyable dans la zone, où les latrines des maisons ne sont pas construites selon les normes d’hygiène. Le sol est souvent jonché de matières fécales.
Dans la zone de Monte Christi (en face de Fort Liberté), les bassins sont mieux entretenus, parce que les Dominicains ont des usines pour mettre le sel dans des sachets, souligne Ives-Marie Chanel.
Avec l’implantation du parc industriel, à la fin du mois de mars 2012, à Caracol (Nord-Est d’Haïti), plusieurs spécialistes avaient soulevé de nombreux risques environnementaux, en général, et pour l’écosystème marin dans la baie de Caracol, en particulier.
« La baie de Caracol est reconnue comme une zone unique à Haïti. Elle comprend les plus grandes mangroves restantes du pays, accueille plus de 20 mille oiseaux migrateurs par an et représente un habitat et une zone d’alevinage productifs pour un écosystème marin, qui fournit de nombreux services aux communautés côtières haïtiennes », relève une étude de la compagnie Koios, engagée pour évaluer les impacts sociaux et économiques, après le choix, en 2012, du site pour l’implantation de la zone franche industrielle.
La population assiste, avec impuissance, à la détérioration de l’une des plus belles baies du monde (la troisième, dit-on, après celles de Rio et de Naples) avec ses montagnes avoisinantes et ses précieux bassins versants, qui alimentent des sources aujourd’hui polluées et à débit réduit. [jep emb rc apr 03/08/2017 10:40]
Photos : Abdonel Dorvil