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Haïti-Rép. Dom. : Une population frontalière abandonnée

Par Jean Élie Paul, envoyé spécial

Ouanaminthe / Dajabon (Haïti/République Dominicaine), 30 juil. 2017 [AlterPresse] --- La population vivant dans les zones frontalières haïtiano-dominicaines, particulièrement du coté d’Haïti, est pratiquement abandonnée à son sort, constatent plusieurs journalistes, dont une équipe d’AlterPresse, ayant pris part, du vendredi 28 au dimanche 30 juillet 2017, au Rallye frontière libre 2017.

L’absence d’infrastructures routières, énergétiques, hydrauliques et de services divers est frappante dans ces zones, où les communautés végètent dans la misère, rapporte un reporter d’AlterPresse.

Ayant atteint le Nord du pays en passant par le Plateau central, le convoi a traversé la frontière du coté de Ouanaminthe (Nord-Est)/Dajabon et a pris la route internationale, parcourant les localités de Capotillo, Restauracion, Pedro Santana, Elias Pina, Belladère, Lascahobas vers Mirebalais et Port-au-Prince.

Plus d’une trentaine de participants au rallye ont découvert, avec stupéfaction, plusieurs zones délaissées, où, selon les statistiques, vivent près d’un million de personnes le long de 380 km de frontière, observe AlterPresse.

Dans ces localités, n’existent que quelques maisonnettes de fortune, dont la plupart, en terre battue, témoignent, en quelque sorte, des conditions difficiles d’existence des familles qui y résident.

D’une zone à l’autre, le spectacle de gens qui se baignent dans des rivières, dont l’eau sert aussi à la lessive et à la consommation.

« La population de ces zones frontalières (haïtiennes) dépend de la République Dominicaine », regrette Ives-Marie Chanel, journaliste et entrepreneur, principal organisateur du rallye.

Il condamne, entre autres, l’absence d’adductions d’eau potable, pouvant protéger les riverains de maladies contagieuses comme le choléra, qui, en 7 ans, a déjà fait environ 10,000 morts à travers le pays.

Il souhaite que les autorités haïtiennes prennent des mesures afin de changer les conditions de vie de la population.

Parmi les participants au rallye, figure Edwin Paraison, ancien ambassadeur d’Haïti en République Dominicaine.

Il explique que les communautés frontalières des deux pays sont un peu éloignées des centres de décision, puisque ce sont dans les deux capitales que l’on gère l’agenda national de chacun des pays.

« Les statistiques témoignent que la pauvreté est beaucoup plus accrue dans les communautés frontalières », fait savoir l’ancien diplomate, qui dirige présentement la Fondation Zile.

« Il faut que les communautés frontalières sentent qu’ils font partie de cette grande et unique nation (île) d’Haiti, ce qui dépendra du dynamisme de leurs représentants et de l’engagement des autorités principales, particulièrement de l’exécutif », souligne Paraison.

Il estime qu’il faut sensibiliser, conscientiser les autorités sur la réalité frontalière et apporter, en même temps, une contribution au rapprochement entre les deux peuples partageant l’ile.

Avant de parvenir à la frontière, le rallye est passé par plusieurs sites historiques du Nord d’Haïti. [jep gp apr 30/07/2017 10:10]